R.A.S Nucléaire, rien à signaler
Comprendre sans juger
« Pour ou contre le nucléaire ? Et si la question était ailleurs ? » Pour Alain de Halleux, c’est en demandant à l’opinion publique de prendre parti sur ce qu’elle ne connaît pas, que les médias ont occasionné une polémique stérile, écartant les vraies questions. Rejetant tout manichéisme, le cinéaste décide donc de recentrer le débat en s’intéressant au fonctionnement du nucléaire en lui-même.
Le point de vue des « nomades du nucléaire » est au centre de son enquête. Ces intérimaires sous-payés parcourent la France pour effectuer des travaux de maintenance dans les zones les plus radioactives. Cependant, leurs conditions de travail sont dégradées par la libéralisation du marché de l’énergie, désormais privatisé.
« Du risque zéro au risque calculé »
Ebranlé par les travaux de la sociologue Annie Thébaud-Mony, Alain de Halleux part à la recherche de ces témoins étrangement silencieux, de Marcel Boiteux ancien directeur d’EDF conscient des risques à venir ou encore de Philippe Billard, démineur mis au banc pour avoir dénoncé les dysfonctionnements et l’insécurité de son industrie.
Une industrie menacée par la recherche coûte que coûte du profit et de la compétitivité, qui en recourant à la sous-traitance, disqualifie les compétences et met en danger l’ensemble des concernés.
Sans scénario ni dessein préalable, le réalisateur confronte les points de vue, semblant laisser à ses actants pris sur le vif le soin de déterminer le sens de son œuvre. Avec discrétion, sa caméra capte le désarroi d’une ouvrière licenciée ou la lucidité d’un contrôleur de sécurité dénonçant la pression quotidienne subie autour de la signature du très attendu « Rien A Signaler », chargé d’endormir tout soupçon.
De la peur à l’action
Loupe permettant de scruter le monde, l’objectif de Alain de Halleux se plait aussi à en souligner les paradoxes. Attiré par l’invisibilité métaphysique et quasi poétique de la radioactivité. L’ancien photographe prend soin de révéler l’étrange beauté de ce milieu dangereux et de ses structures implantées en pleine nature.
Cette démarche est esthétique mais aussi citoyenne, elle invite les populations à aller au-delà des apparences et à scruter la face cachée des choses les plus prometteuses. Affirmant l’impact de toute mobilisation si infime soit-elle, le cinéaste met en avant la nécessité d’exercer son droit de regard et d’instaurer un débat démocratique autour de cette question énergétique et environnementale mais aussi humaine, sociale et économique.
Délaissant la question du pourquoi pour celle du comment, Alain de Halleux choisit de mettre en lumière les conditions de vie du nucléaire grâce à celles de ses travailleurs dans un documentaire édifiant, prônant la transparence. 58 min décisives durant lesquelles les centrales ouvrent leurs portes et dévoilent enfin leurs fissures. 58 minutes à signaler.
Laetitia Ratane
“R.A.S Nucléaire, rien à signaler” de Alain de Halleux.
Sélectionné au Festival International de Documentaire “Visions du réel” de Nyon 2009. Dans la section “Investigations”.
Festival DOK de Leipzig 2009
Rencontres Internationales du Documentaire de Montréal 2009
Festival du Film militant d’Aubagne, 2009
Kassel Doc Film, 2009
Documentaire franco-belge. 2009. Durée: 58 minutes.
Version originale: Français/ Allemand/ Suédois/ Néerlandais
Image: Alain de Halleux, Antoine Zerroudi, Patrice Michaux, Ronnie Ramirez
Son: Thierry de Halleux, Jean-Jacques Quinet, Olivier Abrassart, Antoine Zerroudi
Montage: Anne Lacour
Montage son: Damien Defays
Mixage: Damien Defays
Musique: Michel Berckmans
Produit par Crescendo Films (France) et Iota Production (Belgique)
Coproduction: Arte France / RTBF
Presse: François Vila
En salles le 9 décembre 2009.
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