“Toy Boy” de David MacKenzie
Il est très tendance pour certains acteurs à Hollywood de se démarquer de leurs premiers rôles. Ainsi, on a pu voir James Van Der Beek de la série Dawson devenir un salaud de première classe dans Les Lois de l’attraction, ou encore Sarah Michelle Gellar devenir une catin de deuxième classe dans le sulfureux et inutile Harvard Story. Il était donc tout bonnement naturel que notre personnage simplet de Kelso dans That’s 70‘s Show suive les mêmes traces.
Voilà donc Toy Boy mis sur les rails. Avec ce personnage de gigolo sans morale et assoiffé par l’argent et le sexe, Ashton Kutcher a pensé trouver le rôle en or qui pourra enfin le démarquer de sa débilité rébarbative au fil de sa filmographie. Dans Toy Boy , tout va à l’inverse de ce que l’on connaît de lui : sa voix cassée, sa démarche de bad boy, ses propos « universels » sans oublier son appétit sexuel. On est à la fois amusé et dérangé par sa prestation. D’une part, il est évident qu’il cherche à rendre jaloux les mâles spectateurs en leur donnant un cours de drague et de Kama-Sutra. Mais à force d’en faire trop et de sombrer dans le déjà-vu, sa beauté juvénile disparaît pour faire place à une certaine exaspération et à une perte d’intérêt.
Autour de lui, beaucoup de compagnes bien sûr mais deux femmes qui sortent du lot. La première est une riche californienne d’un certain âge qui le prend pour un jouet sexuel (d’où le titre) et l’autre une jeune demoiselle qui porte un mystère en elle qui, une fois dévoilé, nous semblait évident. Mention spéciale pour cette dernière, certainement gagnante du prochain bidet d’or de la plus mauvaise actrice. Tout cela est en plus parsemé d’une réflexion à deux sous sur la raison et condition humaine.
Se voulant un mélange des romans de Bret Easton Ellis (pour sa voix off et ses descriptions de Los Angeles), des films de Roger Avary (pour ses quelques effets et prises de vue), saupoudré d’un mélange de Glitter avec Maria Carey et de Crossroads avec Britney Spears, Toy Boy est un pseudo Barry Lyndon contemporain proposant l’ascension et la déchéance d’un jeune beau garçon arrivant dans la haute société de Los Angeles, où le sexe et la chirurgie esthétique sont les plus grand passe-temps.
Heureusement pour lui, le réalisateur a tout de même réussi à offrir au public une réalisation soignée qui nous impressionne particulièrement lors du plan séquence de début dans la boîte de nuit où la caméra se balade parmi les invités (on pense à de Palma) et des plans au sein des maisons surplombant Los Angeles (on pense à Robert Altman). Mais cela rend-t-il le film meilleur ? Loin de là quand on assiste à ces changements de situations basiques et rébarbatifs au fur et à mesure du déroulement de l’histoire.
On passera au final du bon temps à voir Ashton Kutcher se pavaner torse nu dans une belle maison de Los Angeles et avoir des expériences sexuelles aussi crues qu’amusantes.
Mais cela n’empêchera pas le film de sombrer rapidement dans la caricature exagérée. À défaut de se détacher de sa stupidité, le spectateur gardera malheureusement sa place pendant 1h35.
Edouard Brane – http://www.cinedouard.com
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