«The smell of us» : Larry Clark, jeune toujours
The Smell of us De Larry Clark Avec Lukas Ionseco, Diane Rouxel, Théo Cholbi Durée : 92 min. |
Sortie le 14 janvier 2015
Malgré ses 70 ans, Larry Clark est depuis ses débuts tardifs le spécialiste des films sur une certaine jeunesse désoeuvrée. À l’occasion de la sortie de The Smell of us, retour sur la carrière d’un cinéaste éternellement jeune. C’est un jeune cinéaste de 52 ans qui nous livra un jour Kids, son premier long-métrage, après avoir notamment fait de la photographie durant la première partie de sa vie. Écrit par un tout jeune loup nommé Harmony Korine (connu du grand public pour son récent Spring Breakers), le film suivait une bande de jeunes new-yorkais avide de skate, de sexe et d’expériences, le tout sur fond d’insouciance face aux dangers du SIDA. Parmi les jeunes interprètes, Chloe Sevigny et Rosario Dawson, actrices magnifiques révélées par le réalisateur. Souvent accusé de voyeurisme ou de complaisance, Clark n’y va effectivement pas avec le dos de la cuillère. Son deuxième long, Another day in paradise, est un Bonnie and Clyde version nineties, mettant aux prises un couple sur le déclin (Melanie Griffith et James Woods) avec deux jeunes amoureux ne demandant qu’à les suivre dans leurs brutales incartades (Natasha Gregson Wagner et Vincent Kartheiser). Plus classique que Kids, le film déménage néanmoins… Et c’est encore le cas de Bully, cinglante description de la vendetta menée par une bande de jeunes gens contre le leader un peu trop charismatique de leur groupe de copains. Mené par le défunt Brad Renfro, Bully offre une réponse explosive aux questions de harcèlement. Très prolifique au début des années 2000, Clark revient un an plus tard avec Ken Park, cosigné avec son directeur de la photographie Ed Lachman. Divinement filmé, ce film choral décrit le quotidien de quatre potes partagés entre le désir de tout envoyer paître et leur envie de se construire en tant qu’adultes. Sexuellement explicite, Ken Park est un objet problématique mais fascinant, sans doute la meilleure porte d’entrée pour découvrir le cinéma de Larry Clark et se faire un avis. La suite est sans doute moins brillante : Wassup Rockers, qui suit un groupe de jeunes latino-américains squattant les piscines vides de riches propriétaires pour y faire du skate, ressemble à une redite de ses films précédents. Une version masculine, et aussi vaine, du The Bling Ring de Sofia Coppola. Mais Larry Clark n’est pas mort : le segment qu’il signe dans le film à sketches Destricted, interdit aux moins de 18 ans car composé de films montrant explicitement le sexe, est une merveille. Il s’agit d’un documentaire dans lequel on il effectue un casting pour trouver un jeune acteur désireux de tourner une scène pornographique, puis le casting de sa partenaire féminine, puis le pénible tournage de la scène en question. De quoi pointer du doigt le malaise de ce genre de tournage et la différence entre l’idée que les jeunes gens se font du porno et la réalité bien moins reluisante. Depuis 2005, hormis le téléfilm Marfa Girl, Larry Clark n’avait rien tourné en long format. C’est chose faite avec The Smell of us, qui suit une bande de jeunes parisiens désoeuvrés, adeptes de l’auto-destruction, dans ce qui ressemble à une extension mondialisée de ses travaux précédents. S’il semble parfois tourner en rond, Clark reste néanmoins un artiste incontournable par sa façon de radiographier les désirs et les contrariétés de jeunes gens devenus adultes un peu trop rapidement. Lucile Bellan [embedyt] https://www.youtube.com/watch?v=0uS_fJAOhek[/embedyt] [Image 2015 © Polaris Film Production] |
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