Le Vilain – comédie d’Albert Dupontel
Vieille femme naïve et un peu bigote, persuadée d’être punie par Dieu à cause d’une mauvaise action qu’elle aurait faite, elle consacre tout son temps libre à lutter contre un entrepreneur véreux, Korazy, qui rachète toutes les maisons de ses voisins afin de transformer son paisible lotissement en quartier bancaire. Lorsque son fils revient, elle l’accueille à bras ouverts, croyant toujours qu’il est quelqu’un de bien. Mais rapidement, elle découvre qu’elle se trompe sur lui depuis le début. Elle décide alors de le forcer à réparer ses mauvaises actions pour ainsi mettre fin à la punition…
Comme dans ses précédentes réalisations, Albert Dupontel offre un panel de personnages tous plus rocambolesques les uns que les autres, vivant dans un monde finalement pas si décalé du nôtre. Le Vilain, tout d’abord, interprété bien sûr par Dupontel, est un méchant sans coeur, toujours à la recherche d’un méfait à accomplir, sans aucun scrupule, prenant un malin plaisir à martyriser une tortue à la rancune tenace. La mère, servie par une Catherine Frot parfaitement “vieille” et bigote, ne recule devant rien pour obtenir ce qu’elle veut. S’en suivent plusieurs personnages secondaires, tels que le médecin alcoolique et un peu – voire complètement – fou, joué par Nicolas Marié, l’un des favoris de Dupontel et présent dans tous ses précédents longs-métrages (Bernie, Le Créateur et Enfermés dehors). L’entrepreneur véreux, Korazy alias Bouli Lanners (acteur belge atypique également vu dans Enfermés dehors, ou dans des films plus discrets mais néanmoins très bons comme Louise Michel ou encore J’ai toujours rêvé d’être un gangster), qui n’a pas moins de scrupule que Le Vilain mais plus d’argent. Les aspects de ces personnages les rendent parfois touchants, souvent comiques mais surtout jamais antipathiques car ils sont à la fois si semblables et différents de ce que nous connaissons qu’on ne peut s’empêcher de penser à notre société et au portrait de moins en moins caricatural que Dupontel en fait dans chacun de ses films.
Comme lors de ses précédents longs-métrages, Dupontel ne se contente pas de réaliser le film et de jouer dedans, il en écrit aussi le scénario et les dialogues. Charismatique, indépendant et toujours très critique vis-à-vis de la société et plus particulièrement de ses élites, Dupontel n’est plus à présenter.
L’histoire de ce film, ou la relation mère-fils sur laquelle il repose, est bien entendu à prendre au second degré.
Malgré les liens familiaux, un fossé sépare les deux personnages. La mère a élevé son fils en croyant en avoir fait quelqu’un de bien, elle a fait tout le contraire. On ne peut s’empêcher d’avoir un peu de pitié pour cette mère. Elle semble si désespérée de ce qu’a fait son fils qu’elle doit s’abaisser à son niveau pour essayer de réparer ses erreurs, avec plus ou moins de succès. Mais on rit de ce qu’elle fait endurer à son fils avec bonne volonté.
L’humour noir est inhérent au film et ses personnages. La douleur, mentale ou physique, est partout chez Dupontel, et c’est là la force du film. Tout le monde souffre, tout le monde est un peu taré et tout le monde peut être méchant.
Ce quatrième long-métrage d’Albert Dupontel reste fidèle à l’humour noir qui a fait le succès des précédents. Le duo Dupontel/Frot fonctionne à merveille. On rit devant ces relations conflictuelles complètement décalées et à l’humour noir toujours aussi bien maîtrisé.
Benjamin Morett
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