“Le grand voyage d’Ibn Battuta, de Tanger à La Mecque” à La Géode
Ibn Battuta, poussé par le devoir et l’accomplissement spirituel, rêve de rejoindre La Mecque pour y honorer Dieu, comme tout musulman se doit de le faire une fois dans sa vie. Il décide de partir et d’effectuer son Hadj seul, sans caravane, car selon lui celui qui affronte les dangers est plus méritant. Brigands, tempêtes de sable dans le désert, soleil de plomb… rien n’arrête l’aventurier qui pourtant frôle la mort à plusieurs reprises.
Les prises de vue du désert sont éblouissantes. L’écran de plus de 1000 mètres carrés de La Géode nous plonge au cœur du désert et de ses étendues de sable à perte de vue, que nous survolons, comme suspendus dans les airs. Le spectateur semble vivre les épreuves d’Ibn Battuta avec lui : nous ressentons la fatigue et la soif, la sécheresse des dunes, l’éclat brûlant du soleil. Lorsque l’aventurier se décide enfin à rejoindre une caravane, l’image saisissante d’une file continue de plusieurs milliers de pèlerins accompagnés de leurs chameaux est surréaliste : ce sont autant de gens prêts à tout pour accomplir ce qu’ils conçoivent comme l’aboutissement d’un rêve, la récompense suprême. Ils retournent aux racines, aux fondements de l’Islam et vont honorer les prophètes Mahomet et Abraham.
Les images de La Mecque, notamment celles des fidèles effectuant la circumambulation autour de la Kaaba, sont époustouflantes. La Kaaba, de forme cubique, a été selon le Coran édifiée par le prophète Abraham, et symbolise l’unité des musulmans qui adorent un Dieu unique. Les pèlerins doivent tourner sept fois autour : les plans en accéléré de ce rituel, où des milliers de personnes vêtues de blanc circulent à l’infini autour du cube sacré d’un noir de jais, procurent une sensation étrange et paradoxale de bouillonnement humain incessant mais pourtant organisé. Chacun y trouve naturellement sa place, et tous sont unis dans la foi.
Le film propose donc, outre des paysages extraordinaires et le dépaysement du Moyen-Orient au XIVème siècle, de nous initier aux rituels du pèlerinage à la Mecque qui se perpétue depuis des siècles. L’impact des angles de vue monumentaux est renforcé par les plans rapprochés permis par la structure du lieu hémisphérique, ce qui ajoute encore à la grandeur et à la beauté du voyage et des différentes cérémonies à La Mecque. Ponctuées par une musique orientale qui accompagne idéalement le déroulement du film, les séquences nous plongent véritablement au cœur de ce voyage initiatique.
Le Grand Voyage d’Ibn Battuta, de Tanger à La Mecque est donc une réussite esthétique et didactique basée sur une quête spirituelle qui, au fil des siècles, est toujours aussi vivace. En sortant, le spectateur a l’impression d’avoir beaucoup appris tout en profitant de paysages exceptionnels dans un cadre de projection unique.
Audrey Laroque
Le grand voyage d’Ibn Battuta, de Tanger à La Mecque
Un film de Bruce Neibaur avec Chems Eddine
(Canada)
Genre : Court-metrage – Duree : 0H40 mn
Distributeur : SK Films
Sortie en salles le 14 Octobre 2009
Année de production : 2009
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La Géode
26, avenue Corentin Cariou
75019 Paris
Métro Porte de la Villette
Séances : 12h30 ; 14h30 ; 17h30 ; 20h30
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