“La Fenêtre” de Carlos Sorin
Bergman, Antonioni, Malick… on pense à beaucoup de réalisateurs au regard de ces images. Antonio est malade. Agé de 80 ans et quelques poussières, il préfère la solitude et le calme de sa chambre pour se soigner. Aidé par deux adorables servantes, il attend paisiblement son fils dans son hacienda, pratiquement coupée du monde et où il n’est possible de communiquer qu’avec la radio.
Malgré sa courte durée (1h15), La Fenêtre doit impérativement être vu en ayant du temps devant soi. Le plus difficile sera de s’immerger dans l’histoire et de sentir le vent de la campagne caresser votre peau. Car le film est lent et le réalisateur prend son temps pour filmer ces paysages, cette solitude, cette fin de vie qui approche à grands pas.
Que vivrons-nous lors des derniers instants de notre vie ? Comment se déroulera notre dernière journée sur terre ? Carlos Sorin nous propose une magnifique approche à travers les yeux de ce vieux monsieur. Le film commence sur une vision, une anecdote de jeunesse où le personnage principal se revoit tout jeune alors gardé chez lui par une magnifique jeune fille au pair. Une voix-off se fait entendre, d’un timbre monotone et qui porte toute la fatigue en elle. Le jour se lève, un homme est allongé dans son lit sans bouger et attend sagement que quelqu’un vienne lui ouvrir la fenêtre.
Antonio attend donc son fils. Comme tous les jours, il prend son petit-déjeuner, se lève difficilement de son lit et se met à la hauteur de sa fenêtre. Est-elle pour lui ouverte sur le monde, ou au contraire est-elle en train de se fermer doucement ? A en croire la lumière constante qui en jaillit, les deux possibilités se présentent devant lui. Une qui apporte la vie et l’autre qui annonce la mort. Tout comme ces autres personnages que l’on voit défiler les uns après les autres. Un réparateur de piano que l’on a fait venir exprès de loin, un homme de la région venu racheter le terrain et enfin un groupe de jeunes faisant du vélo dans les alentours. Chacun d’eux appelle le vieil homme à partir, l’un n’arrivant pas à réparer entièrement l’instrument, l’autre en rachetant petit à petit les dernières parts de terrain, et les derniers en regardant le vieillard comme ce qu’il est : un être humain qui ne tient plus sur ses jambes et qui semble coupé de toute communication.
Puis parmi eux réside le visage du fils renommé venu voir une dernière fois son père, accompagné de sa compagne – agent artistique. Les deux générations peuvent maintenant s’inverser : le vieillard est devenue l’enfant et le fils remplace le père. Dans un dernier instant de lumière magique, la fenêtre peut maintenant se refermer, le vent s’arrêter et chacun se regarde en face.
C’est donc une journée pas comme les autres que nous propose Carlos Sorin. Même si l’on aura du mal à rentrer dans le film, les rencontres et évènements de l’histoire suffiront à nous attirer et peut-être même à nous faire pleurer.
Edouard Brane – http://www.cinedouard.com
Réalisé par : Carlos Sorin
Avec : María del Carmen Jiménez, Antonio Larreta, Alberto Ledesma, Emilse Roldán, Roberto Rovira, …
Drame
Durée : 1h25
Titre original : La Ventana
Programmé dans 29 cinémas en France
Sortie le 3 juin 2009
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