Perfect Mothers – drame d’Anne Fontaine
Deux mères inséparables et leur fils respectif. Leur vie s’écoule au rythme d’une insouciance absolue dans un paradis terrestre sur les rivages de l’Australie. Les garçons, arrivés à l’âge adulte vont choisir pour maîtresse la mère de l’autre.
Une caméra qui se promène au ras de la mer, entre la lumière de l’avouable et les eaux troubles de l’indicible. Ces eaux troubles où sont plongés les corps jusqu’à la taille : c’est par le dessous de la ceinture que le scandale arrive. Anne Fontaine affectionne particulièrement le sulfureux et si possible en intégrant dans ces scénario des trios (Nettoyage à sec, La Fille de Monaco ou Nathalie et même Coco avant Chanel). Un peu comme chez Blier mais avec une plus grande introspection psychologique que chez l’auteur de Tenue de soirée. Perfect Mothers n’échappe pas à cette règle, chaque personnage ne semblant diégétiquement qu’une demi-personne de part sa complémentarité avec l’autre, l’amie, la mère ou le fils puis une fois le « crime » consommé l’amant ou la maîtresse. A ces deux duos s’agrège l’inévitable troisième élément cher à la cinéaste, en l’occurrence le mari, parfait homme de trop que l’on rend visible juste ce qu’il faut pour qu’il fasse tourner un peu moins rond ce cercle qui devient vicieux…
D’un sujet au potentiel scabreux indéniable, la cinéaste a tiré un film d’une remarquable justesse de ton. Il ne s’agira pas de montrer des scènes de cul sans intérêt (Anne Fontaine n’est pas Catherine Breillat) mais plutôt d’analyser ce qu’un tel cataclysme induit sur les personnages, ce que la cinéaste réussit avec beaucoup plus de subtilité que Danny Boyle dans The Beach. Le tout avec une pudeur pourtant voyeuriste de la caméra qui se délecte à filmer les corps de ces deux Apollons et de leur génitrice assumant leur quarantaine avec désinvolture. A ce jeu, Anne Fontaine est diabolique. Comme directrice d’acteurs, celle qui a offert à Michel Bouquet son premier césar (Pourquoi j’ai tué mon père en 2002) n’a pas son pareil et même en anglais le résultat est renversant. Splendides, Robin Wright et Naomi Watts apportent beaucoup à cette histoire qu’elles rendent totalement crédible et plausible. Avec en prime un décor de rêve, idéal pour y planter une histoire rapidement cauchemardesque.
Franck Bortelle
[embedyt] https://www.youtube.com/watch?v=Uj5_NPaj73M[/embedyt]
Perfect Mothers
D’Anne Fontaine
Avec Naomi Watts, Robin Wright et Xavier Samuel
Durée : 111 min.
A découvrir sur Artistik Rezo :
– les films à voir en 2013
Articles liés
“Tant pis c’est moi” à La Scala
Une vie dessinée par un secret de famille Écrire un récit théâtral relatant l’histoire d’un homme, ce n’est pas seulement organiser les faits et anecdotes qu’il vous transmet en une dramaturgie efficace, c’est aussi faire remonter à la surface...
“Un siècle, vie et mort de Galia Libertad” à découvrir au Théâtre de la Tempête
C’est Galia Libertad – leur amie, leur mère, leur grand-mère, leur amante – qui les a réunis pour leur faire ses adieux. Ce petit groupe d’amis et de proches, trois générations traversées par un siècle de notre histoire, se retrouvent...
“Chaque vie est une histoire” : une double exposition événement au Palais de la Porte Dorée
Depuis le 8 novembre, le Palais de la Porte Dorée accueille une double exposition inédite, “Chaque vie est une histoire”, qui investit pour la première fois l’ensemble du Palais, de ses espaces historiques au Musée national de l’histoire de...