Pauline détective – comédie de Marc Fitoussi
Si l’on ne badine pas avec l’amour, pour Pauline, blonde égocentrique à la tête du magazine Détective, il n’est pas interdit de badiner avec le crime. Aussi, lorsque larguée par son petit ami, elle est traînée par sa sœur et le mari d’icelle en vacances italiennes sur la Riviera, il lui faut consoler son chagrin d’amour en s’inventant des crimes. Il faut dire que sa voisine de chambrée d’une nuit, écrivain d’œuvres aussi mystérieuses que sa personnalité est envahissante et inquisitrice, a le don d’aiguiser les envies de meurtres de toute personne pourtant normalement constituée. Alors, lorsque celle-ci disparaît subitement, Pauline s’imagine aussitôt la couverture avec son illustration mélodramatique et sanglante : elle a été assassinée, ça ne fait pas l’ombre d’un doute ! Dans la petite station balnéaire au ciel et à la mer d’Azur, le passage de Pauline va faire l’effet d’une tornade…
Dans cette fantaisie policière enlevée signée Marc Fitoussi, toute l’intrigue repose sur l’idée de la séduction. C’est peut-être en partie pour cela que le film parait si ludique.
Au cœur du jeu, Sandrine Kiberlain, maîtresse de la partie, rayonne. En charmante pimbêche, elle mène l’enquête et le maître-nageur de l’hôtel, Simone, en bateau au gré de ses envies de divagations. Autoritaire, elle assigne à chacun des rôles définis dans cette murder-party grandeur nature, sans avoir pourtant conscience de rien de ce qui se passe alentour. Sans prendre garde au serial-killer qui sévit réellement ; ni aux crises de couples dont elle est pourtant le témoin privilégié, tandis qu’elle épie des amants adultérins à qui elle est prête à octroyer bien des culpabilités. Et pour cause, elle est bien trop préoccupée par elle-même pour relever les indices de perturbations qui ne seraient pas à la hauteur de ses fantasmes ! Mais pour épouvantable égocentrique qu’elle soit, elle n’en est pas moins attachante de candeur et de frivolité. Contre toute attente, on se prend bien d’affection pour cette encombrante tête à claques.
La désinvolture solaire du personnage de Sandrine Kiberlain trouve alors un bon équilibre associée au pragmatisme un peu rustre de sa sœur d’écran, incarnée par Audrey Lamy. Sœur qui va d’ailleurs en voir de toutes les couleurs, et ce dans une mise en scène à l’esthétique pop, aux couleurs vives, aux accents rétros, à l’image graphique. Esthétique Sixties-Seventies qui vient d’ailleurs renforcer par l’image cette référence constante aux comédies italiennes de l’époque et aux screwballs américaines, l’héroïne baladant son comparse masculin conquis au rythme de ses caprices. Cette fois-ci, c’est Simone / Claudio Santamaria qui devient la victime consentante des pérégrinations policières de la magnifique enquiquineuse, revêtant à la fois des allures de blonde hitchcockienne, de candide princesse de conte filmé par Jacques Demy, certes pas en vacances romaines, mais toujours en fuite malgré tout.
Convié à danser la tarentelle avec tout ce beau monde, à s’amuser de ce jeu de dupes dont il sait que, comme Fantômette ou Alice autrefois, son héroïne sortira toujours victorieuse, il prend par conséquent un malin plaisir à se laisser égarer entre toutes ces pistes sans queue ni tête.
Raphaëlle Chargois
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Pauline détective
De Marc Fitoussi
Avec Sandrine Kiberlain, Audrey Lamy, Claudio Santamaria, Antoine Chappey, Anne Benoit, Sabrina Impacciatore, Michèle Moretti et Wladimir Yordanoff
Durée : 101 min.
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