0 Shares 2083 Views

Pas Son Genre – Film de Lucas Belvaux

29 avril 2014
2083 Vues
passongenre

Pas Son Genre

De Lucas Belvaux

Avec Emilie Dequenne, Loïc Corbery de la Comédie Française, Sandra Nkaké, Charlotte Talpaert.

Durée : 111 min.

Sortie le 30 avril 2014

Sortie le 30 avril 2014
PAS_SON_GENRE_120Bien loin de la noirceur de 38 Témoins, Lucas Belvaux filme une jolie histoire d’amour contrariée par les antagonismes socio-culturels de ses protagonistes. Une romance émouvante où rayonne la trop rare Emilie Dequenne.

Arras. Pour Clément, professeur de philosophie et écrivain respecté par ses pairs, la nouvelle de son affectation tombe comme un couperet. Comment survivre un an en Province, quand on ne peut pas se passer du rythme trépidant de la capitale ? Arras la redoutée recèle pourtant bien des charmes, et Jennifer, rayonnante coiffeuse amatrice de karaoké n’en est pas le moindre. Mais l’intellectuel parisien et la virevoltante provinciale peuvent-ils s’aimer en dépit de leurs différences d’origines sociales et culturelles ?

06_PAS_SON_GENRE_copyrights_AGAT_FILMS__Cie_2013La question posée par Lucas Belvaux dans son nouveau film, adapté du roman éponyme de Philippe Vilain, semble a priori si vieille qu’elle en est usée. Pourtant, le réalisateur, toujours préoccupé par la problématique sociale, explore ici l’histoire d’amour de Clément et Jennifer en évitant gracieusement les poncifs. D’abord parce que, contrairement à l’autofiction de Philippe Vilain, le film de Lucas Belvaux ne prend parti pour aucun des personnages, montrant les deux points de vue, se souciant d’éviter le jugement. Chez Belvaux, chacun progresse au contact de l’autre ; Clément humainement, Jennifer culturellement. Mais cela suffit-il pour faire exister le couple dans la durée ? C’est cette simple question qui maintient les spectateurs en haleine, dans ce film qui doit également beaucoup à ses interprètes ; 08_PAS_SON_GENRE_copyrights_AGAT_FILMS__Cie_2013_rduiteEmilie Dequenne, lumineuse, qui irradie l’écran, en composant un personnage adorable, irrésistible ; et Ludovic Corbery, de la Comédie Française, que l’on découvre plus sombre, tout en retenue. Et c’est dans le contraste entre les personnalités de ses deux protagonistes que Lucas Belvaux trouve le délicat équilibre nécessaire à la narration de ce conflit amoureux de classe.

La mise en scène se veut alors empathique ; elle ne souligne pas, n’appuie pas, mais laisse les caractères des personnages l’imprégner. C’est alors un très beau plan-séquence dans lequel la caméra suit les mouvements de Jennifer, se réveillant, et exécutant tous les gestes du matin en virevoltant d’une action à l’autre, concentré de bonne humeur contagieux. C’est aussi une façon de filmer 012_PAS_SON_GENRE_copyrights_AGAT_FILMS__Cie_2013l’intimité sans voyeurisme, en traquant l’émotion dans les visages ; au plus près de la sensation ; tout en respectant la pudeur des corps. C’est encore cette façon de ne pas chercher à fournir d’explication à tous les comportements des personnages, qui sont davantage donnés à ressentir qu’à comprendre.

Comme dans 38 Témoins, où la ville du Havre jouait un rôle narratif fort, Arras est ici un personnage à part entière. Dans son cinéma, Lucas Belvaux n’utilise pas les villes comme décors dérisoires au seul service de l’action. La ville d’Arras est un élément narratif essentiel ; ailleurs dans lequel la rencontre entre deux personnages qui ne se seraient jamais regardés à Paris est enfin possible ; où les univers de l’un et de l’autre se mêlent pour le pire (lorsque la condescendance de Clément pour sa coi018_PAS_SON_GENRE__copyrights_AGAT_FILMS__Cie_2013_rduiteffeuse kantienne entache leur relation) comme pour le meilleur (lorsque les excursions au karaoké du coin deviennent des expériences libératrices, si ce n’est cathartiques).

Ainsi, bien que le film ne soit pas exempt de clichés et n’invente pas grand-chose en matière d’amours contrariées, Pas Son Genre parvient à émouvoir en narrant cette jolie romance chantante, toute en nuances, où brille incontestablement la pétillante Emilie Dequenne.

Raphaëlle Chargois

[embedyt] https://www.youtube.com/watch?v=0rKI5AhdtBY[/embedyt]

[Crédits Photos : Pas Son Genre 6, 8, 12 et 18, 2013, ©AGAT FILMS ET Cie.]

Articles liés

MINIATURE : l’expo événement pour les 10 ans de la Galerie Artistik Rezo
Agenda
202 vues

MINIATURE : l’expo événement pour les 10 ans de la Galerie Artistik Rezo

La galerie Artistik Rezo et FIGURE s’associent pour présenter la troisième édition de l’exposition MINIATURE : un événement unique en son genre à l’occasion des 10 ans de la galerie. Cette édition réunit plus de 80 artistes français et...

Justice livre un show explosif et festif à l’Accor Arena de Paris Bercy
Musique
1192 vues

Justice livre un show explosif et festif à l’Accor Arena de Paris Bercy

Ce mardi 17 novembre 2024, après une première partie orchestrée par Pedro Winter, boss du label Ed Banger, Justice a électrisé une salle pleine à craquer, première date des deux soirées prévues à Paris, chez eux, à domicile. La...

Marion Mezadorian pète les plombs au Théâtre Victor Hugo
Agenda
129 vues

Marion Mezadorian pète les plombs au Théâtre Victor Hugo

Avec son précédent “one woman show”, Pépites, Marion Mezadorian a défrayé la chronique. Dans la même veine, celle d’une performance scénique où l’humour le dispute à l’émotion, cette nouvelle création donne la parole à celles et ceux qui craquent...