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Pas son genre – film d’amour politique de Lucas Belvaux

30 avril 2014
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Pas son genre

De Lucas Belvaux

Avec Emilie Dequenne, Loïc Corbery, Sandra Nkaké,
Anne Coesens, Didier Sandre et Martine Chevallier

Durée: 111 min.

Sortie le 30 avril 2014 

passongenreSortie le 30 avril 2014

Le cinéaste belge Lucas Belvaux brise à coup de politique les codes du genre de la comédie romantique avec son neuvième film, Pas son genre.

« Ce n’est pas l’histoire qu’on raconte qui importe, c’est ce que raconte l’histoire », clame Clément à Jennifer dans un café. Cette réplique résume à merveille Pas son genre, nouveau film politique du réalisateur namurois déguisé en film d’amour.

Adapté du roman éponyme de Philippe Vilain, paru en 2011, le film n’est autre que l’histoire d’amour politique entre un professeur de philosophie parisien, Clément, et une coiffeuse, Jennifer, travaillant et vivant à Arras avec son fils. Muté dans le Nord pour un an, loin de Paris et ses lumières, Clément souhaite à tout prix occuper son temps libre. Dans un salon de coiffure arrageois, il rencontre Jennifer, jolie coiffeuse, qui devient son amante. Lui est un véritable penseur des rapports amoureux, auteur d’un essai cyniquement intitulé “De l’amour (et du hasard)” et obsédé par Kant. Elle dévore les romans populaires, les magazines people et enchaîne les soirées karaoké avec ses deux copines. 

A l’instar des personnages de Jacques Demy, Jennifer change sa vie en comédie musicale. Qui plus est, les robes à paillettes de Jennifer et ses deux amies ressemblent à celles portées par les soeurs jumelles dans Les Demoiselles de Rochefort. Pas son genre: ni l’un ni l’autre. Mais l’amour n’a pas de genre et les amants tombent amoureux et entament une lutte quotidienne contre leurs différences socio-culturelles. Ce couple que tout oppose tente de renverser cette fracture sociale et culturelle. Clément vit son histoire d’amour avec Jennifer dans une bulle amoureuse. En effet, il oublie le reste du monde à ses côtés et l’exclut volontairement par peur du regard des autres. Paradoxalement, ce “philosophe de l’Eros” est incapable de parler de ses sentiments et doute constamment. Clément admet même ne pas croire au couple à une de ses anciennes compagnes bien qu’il aime tout le temps les femmes. Quant à Jennifer, elle se donne corps et âme à cet handicapé affectif. 

Ce ne sont pas les barrières sociales et culturelles mais plutôt leurs différences dans la manière d’aimer qui ont raison de leur relation. Encore une fois, l’incapacité de Clément à partager ses sentiments pose problème. « Comment t’explique qu’un homme qui sait tellement de choses ne sait plus rien quand on parle de sentiments »lance Jennifer à Clément. Cette question rhétorique prédit la fin de cette histoire, anciennement nourrie par ses différences.


Lucile Walther


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