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Paris-Cinéma – Isabelle Huppert et Louis Garrel

8 juillet 2010
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Le destin fait parfois bien les choses. Dans la même journée du 6 juillet, le public a eu la chance de rencontrer tour à tour l’acteur Louis Garrel pour son moyen-métrage Petit Tailleur et l’actrice Isabelle Huppert pour Copacabana sorti ce mercredi. Deux figures du septième art qui ont marqué les cinéphiles en 2003 dans le film audacieux et dérangeant de Christophe Honoré Ma Mère, adapté du roman de Georges Bataille.

Louis Garrel réalisateur : deuxième !

Très attendu, Louis Garrel a donc présenté à l’occasion d’une séance spéciale son moyen-métrage Petit Tailleur qui fait suite à son premier court-métrage Mes copains, déjà présenté à Cannes à La Quinzaine des réalisateurs. On y retrouve à nouveau son goût pour le noir et blanc et surtout sa passion pour les films de la Nouvelle Vague. Ce moyen-métrage conte l’histoire d’un jeune apprenti tailleur devant faire un choix entre reprendre une affaire de tissu ou tout abandonner pour suivre une jeune actrice interprétée par Léa Seydoux.

Louis Garrel serait-il un être mélancolique ? Il se cache en tout cas dans cet œuvre un romantisme sensuel et attachant, symbole d’une jeunesse rive-gauche parisienne à la barbe de trois jours. On pourrait d’ailleurs y déceler quelques éléments autobiographiques comme son grand intérêt pour le théâtre, pour la musique et même pour la religion. Si l’on ressent tout de même un sentiment d’intimité et un film fait « entre copains », on s’amuse à reconnaître quelques garrelréférences liées au personnage d’Antoine Doinel immortalisé par Jean-Pierre Léaud dans les films de François Truffaut, qui reste encore aujourd’hui la plus grande inspiration du jeune réalis-acteur. Au final, Garrel continue doucement (mais sûrement) son apprentissage vers la réalisation. S’il reste très inspiré par les films de son père Philippe Garrel, un style qui lui est propre commence cependant à faire surface et annonce un cinéaste en herbe. Affaire à suivre.

A noter aussi la projection du film de Valérie Donzelli, membre du jury, qui propose avec Madeleine et le facteur un film charmant et entraînant tourné avec le fameux appareil photo Canon 5D Mark II.

Les avant-premières

Avec sa dose de deux avant-premières quotidiennes, le public continue de se presser dans les salles obscures. Les parisiens ont ainsi pu découvrir lundi dernier le dernier film de Neil Jordan Ondine avec un Colin Farrell transformé en pêcheur irlandais trouvant dans son filet une jeune femme-sirène… Le lendemain, c’est l’immense actrice Isabelle Huppert qui a présenté au MK2 Bibliothèque son dernier film Copacabana accompagnée de sa fille Lotita Chammah et du réalisateur Marc Fitoussi. Enfin, notons la venue de l’équipe du film de Jean-Paul Civeyrac pour Des filles en noir ainsi que la présentation du City of Life and Death de Lu Chuan.

Trois films de la compétition

Et parmi toute ces séances, la compétition officielle continue de se dévoiler à travers trois nouveaux films provenant du contient asiatique.

Mundane History, premier film de la Thaïlandaise Anocha Suwichakornpong est très certainement celui qui a le plus déconcerté les spectateurs. Après la palme d’or décernée cette année au film Oncle Boonmee d’Apichatpong Weerasethakul, la Thaïlande continue d’impressionner avec cette fois-ci un film à la fois puissant, envoûtant et empli de sérénité. L’histoire d’une rencontre entre un infirmier et un jeune paralysé en froid avec son père et vivant dans un monde de rêve et d’hallucination. Une œuvre presque sensorielle, tout à la fois métaphysique et universelle, faisant référence au 2001, l’odyssée de l’espace de Stanley Kubrick et à la situation politique actuelle en Thaïlande. On en sort tout à la fois en extase et en harmonie… ou tout le contraire.

Dans un autre genre, le japonais Yuya Ishi déçoit quelque peu avec son Sawako Decides. L’histoire d’une jeune fille ayant fugué de chez elle et revenant après cinq ans d’absence, prête à affronter la fureur de sa famille et de ses proches. Malgré quelques séquences amusantes, cette œuvre très nippone n’arrive pas à la hauteur d’un Takeshi Kitano ou d’un Hirokazu Kore-Eda. Le film reste intéressant pour son message féministe et sa vision assez pessimiste de la société japonaise. Un autre traitement aurait peut-être été préférable plutôt que cette navigation à l’aveugle entre la comédie et le drame.

Avec son sixième film,  La rivière Tumen de Zhang Lu est pour le moment le plus abouti et le plus mature. Même si des notions de géographies sont à connaître avant la projection, on se laisse emporter par la lenteur de chaque séquence, certes parfois trop minimalistes mais aussi très forte en émotions. Ce parti-pris permet de créer un environnement propice à l’action et aux différentes situations comme on peut le voir dans beaucoup de films asiatiques. Ce mélodrame autobiographique marque pour la dureté de certaines scènes mais aussi pour son sujet politique et transfrontalier situé autour de cette rivière gelée séparant la Chine et la Corée du Nord. Un film à ne pas manquer lors de sa sortie en salle le 25 août prochain.

Le festival continue avec le reste des films en compétition mais aussi des avant-premières très cannoises avec la présentation de The Housemaid de Im Sang-soo, L’autre monde de Gilles Marchand, Oncle Boonmee de Apichatpong Weerasethakul, L’arbre de Julie Bertuccellie ou encore Des Hommes et des Dieux de Xavier Beauvois et Un homme qui crie de Mahamat-Saleh Haroun. En d’autres termes, que du grand Cinéma !


Edouard Brane

 


www.cinedouard.com



Festival Paris-cinéma 2010


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Du 3 au 13 juillet 2010


www.pariscinema.org


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