Olivier Baroux, l’art (délicat) de la comédie
On a marché sur Bangkok D’Olivier Baroux Avec Kad Merad, Alice Taglioni, Peter Coyote Durée : 93 min. |
Depuis que le duo Kad & Olivier a cessé ses fantaisies télévisuelles pour se consacrer au grand écran, Kad Merad est devenu l’un des acteurs les plus populaires de la comédie à la française… tandis que son compère Olivier Baroux, devenu réalisateur, n’a cessé d’enchaîner les comédies sans éclat à un rythme digne de Woody Allen. Retour sur un début de carrière trop rapide et trop brouillon qui, à la lumière d’On a marché sur Bangkok, n’a toujours pas servi de leçon à Baroux…
Pendant que Kad Merad connaissait ses premiers succès cinématographiques avec notamment des Choristes triomphants, on pensait Olivier Baroux en train de fignoler des comédies fines et/ou décalées qui lui permettraient, tout comme son compère de toujours, de connaître le succès et d’être reconnu par la profession. D’où une certaine délectation à l’idée de découvrir, en 2007, la première comédie romantique du O de Kad&O. La désillusion est rapide et immense : réexploitant des schémas déjà éculés, Ce soir je dors chez toi ne doit son salut très relatif qu’au trio composé de Mélanie Doutey, Jean-Paul Rouve et Kad Merad, dans un second rôle de luxe qui donne lieu à une poignée de scènes gentiment amusantes. Mais ce qui frappe avant tout, c’est la platitude de la réalisation et le peu d’éclat de la majeure partie des dialogues…
La suite survient une grosse année plus tard avec Safari, toujours mené par Kad et qu’on nous présente à l’époque comme une comédie d’aventure digne des Bronzés et d’À la poursuite du diamant vert. Patatras : les projections de Safari sont autant de grands moments de solitude, le rythme lénifiant et les gags prévisibles ne faisant que sceller le destin d’un réalisateur clairement trop peu appliqué pour parvenir à livrer de la qualité. Comme si le fait d’avoir bricolé des gags souvent réussis avec quelques bouts de ficelle (dans La Grosse émission sur Comédie !, mais aussi sur France 2 chez Jean-Luc Delarue) avait contraint Olivier Baroux à rester dans un cinéma fait de bric et de broc, sans ambition ni dimension. Dès lors, difficile d’attendre encore quoi que ce soit de la part de celui qui s’est déjà planté deux fois en deux films. La suite ne fera que le confirmer : L’Italien est au moins aussi plat que les films précédents, mais semble en plus teinté d’une sorte de résignation de la part d’un auteur semblant désormais conscient de ne pas avoir le talent suffisant. Légèrement plus réussi bien qu’encore terriblement lourd, Les Tuche profite d’un été maussade pour attirer près d’un million et demi de spectateurs dans les salles… ce qui ne l’empêche pas d’être loin, très loin, du niveau de son modèle inconscient La Vie est un long fleuve tranquille. L’année suivante, Kad et Olivier renouent avec Ripper et Bullitt, leurs héros de toujours, pour un Mais qui a re-tué Pamela Rose ? dont la simple annonce réjouissait les fans… avant de les décevoir cruellement, tant par son manque d’inventivité que par sa pauvreté visuelle (le premier volet, réalisé par Éric Lartigau, était autrement plus chiadé, très “à l’américaine”). Le chiffre symbolique de cet enchaînement de déceptions est sans doute le suivant : seulement sept ans se sont écoulés entre la sortie de Ce soir je dors chez toi et celle d’On a marché sur Bangkok, le sixième film d’Olivier Baroux. Le rythme sied assez bien à Woody Allen (et encore), tout comme il pouvait convenir à Claude Chabrol (malgré des ratés). Mais dans le cas d’Olivier Baroux, il est clair que trop d’empressement n’a eu pour effet que de donner naissance à des films pas assez pensés, pas assez travaillés. Avec ses dialogues entendus mille fois, la simple bande-annonce d’On a marché sur Bangkok suffit à faire office d’énième pièce à conviction : des idées sympathiques et des comédies attachantes ne font pas tout. Un peu plus de recherche en matière de dialogues, de situations et de mise en scène ne ferait sans doute pas de mal à celui qui risque de tomber peu à peu dans l’oubli le plus total s’il s’obstine à enchaîner à vitesse grand V les comédies de troisième zone. Lucile Bellan
[Photo © Pathé, 2014] |
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