Never Let Me Go – Mark Romanek
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Niché dans la campagne anglaise, le pensionnat bourgeois de Hailsham accueille de nombreux enfants, tous soumis à des règles très strictes et un discours élitiste qui scelle leur différence et avorte toute intention de fuir. Parmi eux se trouvent Kathy, Ruth et Tommy. En grandissant ils vont s’apercevoir que les souvenirs de Hailsham ne cessent de les hanter et c’est au fil de leur évolution et de leurs recherches qu’ils parviendront à assembler toutes les pièces du puzzle pour comprendre qui ils sont vraiment.
Plusieurs thèmes sont abordés par le film : le sacrifice, l’amour, le regret, l’humanité, la mort, la trahison ou encore le pardon. Avec Never Let Me Go, le public est confronté aux interrogations des plus délicates: Sommes-nous véritablement maîtres de notre destin ? Dans quelle mesure l’éducation que l’on reçoit pèse-t-elle sur notre désir de liberté et de satisfaction de nos propres besoins ? Comment peut-on mesurer le degré d’humanité d’un individu ? Un synopsis alléchant et des questions complexes que l’on se réjouit de voir traitées par un long-métrage sobre et intimiste. Et pourtant…
Si l’intérêt du film réside principalement dans la découverte du secret qui ronge les personnages, celui-ci est rapidement élucidé par le spectateur, si bien que la longueur et la lenteur du film, sans doute inévitables pour rendre compte du cheminement périlleux des trois personnages vers la vérité, anéantissent une grande partie de l’émotion que l’histoire promettait.
Plus encore, le réalisateur ne parvient pas à relever l’audacieux défi que l’adaptation du film implique. Car en décrivant un univers parallèle, le roman entremêle science fiction et réalisme romantique mais il est fort à parier que l’union de ces deux genres n’est digérée aisément que par l’imagination du lecteur. A l’écran, cela dérange et ennuie. Imposer le décor classique de l’Angleterre humide et froide pour développer un sujet irréaliste est certes une idée originale, parfaitement traitée par le roman, mais le film éloigne le spectateur des personnages et finit par détruire l’empathie qu’il pourrait éprouver pour ces derniers, rendant même certaines scènes larmoyantes assez pompeuses.
On peut toutefois souligner le très bon jeu des acteurs et tout particulièrement de Carey Mulligan, une Michelle Williams anglaise qui porte à elle-seule le film par la touche de subtilité et de finesse qu’elle transmet à son personnage. Par ailleurs, la progression de la souffrance des personnages tout au long du film est particulièrement bien exprimée non seulement par les acteurs eux-mêmes mais aussi par l’absence d’artifice que le réalisateur a résolument voulue, qu’il s’agisse du maquillage très léger des comédiens invitant à observer des visages mortifiés ou des costumes tristes et simplissimes d’êtres prisonniers d’un destin accablant.
Never Let Me Go possédait toutes les cartes pour bouleverser et marquer le spectateur mais la magie n’opère pas et c’est bien regrettable.
Clara Viet
Never Let Me Go
De Mark Romanek
Avec:
Keira Knightley
Carey Mulligan
Andrew Garfield
Charlotte Rampling
D’après l’oeuvre de Kazuo Ishiguro
Scénaristes: Alex Garland et Kazuo Ishiguro
Sortie le 2 mars 2011
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