Natacha Campana : “À chaque séance de L’Écran Pop, il y a une vraie célébration du film !”
Passionnée de pop culture et de comédie musicale, Natacha Campana fonde L’Écran Pop en 2017, une marque qui créé des expériences dans l’univers du karaoké et de la danse. Elle nous raconte tout sur la façon dont elle est devenue entrepreneur et sur ces expériences de Cinéma-Karaoké et de Dance Party à vivre !
Pourriez-vous vous présenter, parler de votre parcours et expliquer ce qui vous a donné envie de créer L’Écran Pop ?
Je suis née à Genève puis j’ai vécu en Haute-Savoie où j’ai fait un BTS Action Commerciale. J’aimais la communication mais je ne savais pas à quoi je me destinais. Je n’avais pas de modèle d’entrepreneur dans ma famille donc je n’y pensais pas du tout. Avec ce BTS, j’ai eu envie de faire de la communication et de réaliser un rêve : aller à Paris pour travailler dans le divertissement, la musique, les films, la pop culture.
Après une année de licence à Paris en relation presse, spécialité musique, j’ai fait un stage dans ce domaine et c’était vraiment très intéressant ! J’ai ensuite été recrutée dans cette même agence et j’y suis restée sept ans ! Durant ces sept années intenses, j’ai commencé à nourrir des envies d’entreprendre et j’ai rencontré des personnes qui ont été des modèles pour moi. Je me suis rendu compte que c’était possible. À l’école on ne nous dit pas que l’on peut créer son propre chemin. Je suis donc partie de l’agence RP dans laquelle j’étais et j’ai rapidement monté mon entreprise.
À l’origine, c’était un projet de divertissement sur le théâtre immersif, mais le projet était très gros pour un premier “essai”. Quand j’ai vu que ça me dépassait, j’ai mis de côté ce projet mais j’ai gardé la structure, Bubbling Bulb, que j’ai encore aujourd’hui et je l’ai transformée en ce que je sais faire : une agence de relation presse. L’agence a grandi, on prenait part à des projets qui me plaisaient de plus en plus (dans la culture, les séries et films), et je recrutais des gens avec les mêmes goûts que moi pour ces projets.
Durant tout ce temps, je n’ai jamais quitté l’idée de faire un projet de divertissement. Je me suis vraiment sentie devenir entrepreneur le jour où j’ai créé L’Écran Pop car jusqu’à présent, je n’avais rien crée, j’offrais un service et je travaillais pour les autres. Il s’agissait de créer une marque et un projet qui ne tiennent qu’à soi, de porter le projet à bout de bras et de l’emmener où l’on veut, sachant qu’il n’y a pas de limite. L’Écran Pop est un projet qui réunit toutes mes passions : comédies musicales, cinéma, musique, pop culture… J’étais née pour faire L’Écran Pop sans le savoir.
Comment avez-vous eu l’idée du concept de L’Écran Pop ?
Je cherchais une idée dans le divertissement et j’avais entendu parler du “sing along” en Angleterre. Je suis allée tenter l’expérience : mon premier film était le Rocky Horror Picture Show et j’ai trouvé ça génial. Je suis donc revenue avec l’idée en me rendant compte que personne ne l’avait jamais mis en place en France, ni ne connaissait vraiment le concept. Donc c’est moi qui le ferai. On a fait évoluer plusieurs choses en créant une image de marque forte qui porte le concept. On a porté une attention particulière au travail du pré-show, de l’accueil du public avec le contenu des “goodies bags”… tout en respectant la tradition : le public vient déguisé s’il le veut et on distribue un “goodie bag” à l’entrée…
Qu’est-ce que le pré-show exactement ?
Avant le film, un comédien arrive dans un rôle qui appartient à l’univers du film et est là pour plonger les participants (plus que spectateurs) dans cet univers. Il va raconter des histoires, des anecdotes autour du film, faire participer le public avec des blind tests, quizz, concours de déguisement, de danse… soit des jeux autour du film et de ses chansons. On a même déjà fait un open mic pour Bohemian Rhapsody, dans la grande salle du Grand Rex. Le but de ce pré-show, c’est de briser la glace : faire comprendre au public qu’on est là pour s’amuser, qu’il n’y a pas les mêmes règles qu’au cinéma. On a le droit de commenter le film, de se lever, de parler, de chanter ! C’est même plus qu’un droit, on est en fait incité à le faire !
Vous vous êtes donc implantés au Grand Rex ?
À Paris oui en effet. Le Grand Rex n’est pas qu’un cinéma, c’est un lieu d’événement, emblématique, classé au patrimoine, c’est un évènement en soi d’aller au Grand Rex, donc c’est l’endroit parfait pour L’Écran Pop. On a fait 5 séances dans la grande salle qui a 2700 places et c’était à chaque fois complet ou presque. À Paris, il y a environ 2 ou 3 séances par mois. Mais nous sommes également dans le réseau Pathé à Lyon, Nantes et Caen, et d’autres à venir.
Combien de temps dure une séance ?
Il faut compter le temps du film, plus environ 30 minutes de pré-show. Mais comme il y a beaucoup d’improvisation, ce n’est pas précis à la minute.
Comment s’est passée la toute première séance de L’Écran Pop ? Est-ce que les gens ont tout de suite compris qu’ils pouvaient se lâcher ?
On avait vraiment le sentiment qu’ils n’attendaient que ça ! Ça ne s’est pas forcément reproduit mais le 7 septembre 2017, jour de la première séance, les gens chantaient sur le trottoir, alors qu’il ne s’était encore rien passé. C’est assez incroyable ! Sur les grandes chansons du film, tout le monde s’est levé en même temps ! Il y avait une vraie communion, une célébration du film ! Et c’est toujours le cas à chaque séance ! On n’est pas obligé de se lever bien sûr, on fait comme on veut. Cela dépend aussi du film : avec Mamma Mia, on se lève énormément, mais souvent moins sur Dirty Dancing.
Quel type de public avez-vous ?
C’est sensiblement le même public qu’en Angleterre : il y a beaucoup de femmes, trente-quarantenaires du fait des films projetés. C’est un concept qui touche à la nostalgie avec des madeleines de Proust sur ces films qu’on a découvert durant notre jeunesse. Mais il y a vraiment de tous les âges, c’est quelque chose qui se transmet sur plusieurs générations. C’est ça qui est beau et qui me touche beaucoup. Une soirée à L’Ecran Pop est plus qu’une soirée, c’est un moment de réunion entre des personnes de tous âges, réunies autour de la même œuvre qu’elles adorent dans la bonne humeur. Il y en a aussi qu’on finit par connaître car elles reviennent souvent.
Le public français est en fait plus prêt qu’on ne le pense. C’est vrai qu’en Angleterre, quand on dit qu’on va au théâtre, on va voir une comédie musicale très souvent, et ce n’est pas le cas en France. Mais il y a quand même beaucoup de monde qui aime la comédie musicale en France, qui aime ces films surtout ! On n’a pas besoin d’être expert en comédie musicale pour aimer Mamma Mia ! Ce sont des films très populaires qu’il y a à l’affiche (Mamma Mia, Grease, Dirty Dancing, Les demoiselles de Rochefort, Bohemian Rhapsody). Il y a bien sur un noyau dur de personnes qui aiment la comédie musicale mais aussi d’autres qui aiment spécifiquement tel ou tel film.
Comment choisissez-vous vos films ?
Tout le monde nous donne sa petite idée, il y a des films qui reviennent souvent, d’autres non. Il faut qu’ils soient suffisamment populaires pour faire plus d’une séance, sinon ça ne fonctionnera pas. Je choisis donc selon mes goûts je l’avoue, l’envie du public, la popularité du film et de ses chansons, le fait qu’il y ait suffisamment de titre pour créer cette atmosphère chantée (il n’y en a par exemple pas beaucoup dans Fame), et en fonction des droits du film. C’est très long, j’ai mis 9 mois à obtenir mon premier film et j’ai aussi eu des refus. C’était un peu décourageant au début mais je me sentais investie de cette mission je n’ai pas lâché. Pour la plupart, les copies karaoké n’existent pas donc il faut les créer et pour cela obtenir l’accord des distributeurs et des éditeurs pour reproduire les paroles. Il y a donc plusieurs paramètres. En ce moment, je travaille sur un nouveau film mais j’attends qu’on soit sorti de cette période pour le sortir. Avant le Covid, il y avait un nouveau film tous les 6 mois. Bohemian Rhapsody sera aussi de nouveau disponible quand on ne sera plus dans cette crise.
Est-ce qu’il y a un film que vous rêveriez de mettre à l’affiche ?
Il y en a encore plein, mais celui pour lequel j’ai fait L’Écran Pop, c’est Grease, et j’ai mis 2 ans à l’obtenir. Mais mission accomplie ! Il y a encore plein de films que j’ai en tête et qui peuvent rentrer dans la programmation de L’Écran Pop. Mais ce répertoire n’est pas inépuisable, étant donné les critères. J’espère aussi qu’il y aura de nouvelles productions, même si le but premier est vraiment de remettre sur le grand écran des films qui n’y sont plus.
Mais L’Écran Pop ce n’est pas que les Cinéma-Karaoké, il y aussi les Dance Party !
Oui ! J’ai créé la marque autour des comédies musicales, de la pop culture et il y a donc plusieurs concepts. On a commencé les Dance Party pendant le confinement. On voulait un projet compatible avec la situation donc on a mis en place des sessions de danse en distanciel. Dès qu’on le pourra, on développera ces Dance Party de manière plus ambitieuse.
Le principe : apprendre les chorégraphies de comédie musicale avec des artistes qui ont fait partie de la comédie musicale scénique en question. On a pu faire quelques sessions en physique dans la salle de répétition de Mogador ! C’est un endroit magique dans lequel on invite les personnes qui n’ont pas le droit d’y entrer d’habitude. C’est plus qu’une heure de danse, c’est une immersion dans les coulisses de cette comédie musicale, une heure durant laquelle on apprend un bout de chorégraphie avec l’artiste qui nous raconte des anecdotes sur ce qu’il a vécu durant ses représentations ou répétitions. Avec ces Dance Party, on peut aussi aller dans des thèmes un peu plus “expert”, comme Cabaret ou Chicago. Je ne m’interdis pas non plus de sortir de la comédie musicale et d’ouvrir plus à la pop culture. Nous avons d’ailleurs eu la chance d’être les invités de l’émission Keep It Musical pour en parler.
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Que peut-on vous souhaiter pour 2022 ?
Un retour à la normale bien sûr, sortir de cette situation. En tant que producteur de spectacle, l’inconnu est épuisant. Cette période m’a tout de même appris à rebondir et à lâcher prise sur ce que je ne peux pas maîtriser. J’aimerais aussi développer la présence de L’Écran Pop dans le sud de la France, et une première séance à Marseille aura lieu le 16 septembre 2022 avec Mamma Mia.
Retrouvez ici le site Internet de L’Écran Pop avec toute la programmation !
Propos recueillis par Élodie Pochat
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