My Brother’s Wedding, ou l’un des dilemmes les plus cornéliens de l’Histoire du cinéma ?
Beaucoup iront sans doute vers ce film pour ce qu’il est aussi, à savoir, un film tourné avec un réalisme si rare que sa valeur documentaire en devient indéniable. Ils auront raison, car Charles Burnett nous plonge bel et bien dans un univers que nous connaissons peu ou mal, celui des noirs américains de la classe moyenne des années soixante-dix. S’éloignant des clichés romantiques sur la pauvreté et se gardant de toute complaisance, ce réalisateur opère en virtuose : il met en scène des portraits minutieux et pregnants desquels émane une vision d’ensemble qui sonne très juste. Avec ou grâce à lui, personne n’est parfait et personne n’est monstreux, et cette évidence humaine est loin d’être une évidence cinématographique.
Mais ce n’est pas tout ! My Brother’s Wedding est avant tout une tragi-comédie époustoufflante qui interroge sur la notion de choix. Dès les premières minutes du film, nous voilà happés par les déplacements de Pierce Mundy, un jeune homme du quartier qu’Everett Silvas interprète avec brio. Avec lui, on ne cesse de courir mais sans jamais s’essouffler. On court de la mère très pratiquante à la mère du meilleur ami prisonnier, de tendres joutes physiques avec un père complice aux bains d’un grand-père impotent, de l’amour d’une femme mariée au rejet des avances d’une gosse des rues… En chemin, mieux vaut peut-être courir car l’insécurité règne là où armes blanches et armes à feu sont monnaie courante. Au cœur de l’intrigue reste le dilemme qui synthétise peut-être toutes les tensions qui écartèlent Pierce : il va falloir choisir où se trouver un samedi, entre le mariage de son frère avocat et les obsèques de son meilleur ami tué après sa sortie de prison.
Un film authentique, tendre et dur à la fois, dont il ne faudrait surtout pas se priver!
Christine Sanchez
My Brother’s Wedding
Un film inédit de Charles Burnett (1h20), avec Everett Silas, Jessie Holmes, Gaye Shannon-Burnett, Ronnie Bell, Dennis Kemper et Angela Burnett.
Sortie dans les salles le 4 mars 2009.
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