Marc Lavoine – Interview
Il n’y a pas qu’avec les filles – donc les fans – que Marc Lavoine, en digne émule de Christophe, a un succès fou. Hou, hou… Certes, on l’attend chanteur, on l’entend et l’acclame, même, puisqu’il prolonge sa tournée les 18 et 19 juin prochains au Palais des sports à Paris. Pourtant, au hasard d’une filmographie nonchalante (et assez inégale, de Chabrol à Tony Gatlif, en passant par Marc Esposito), on (re)découvre aussi que le cinéma, régulièrement, fait les yeux doux à l’auteur des Yeux revolver. Comédien intermittent mais solide : sa prestation jubilatoire dans Les meilleurs amis du monde – un rôle de beauf parvenu finalement sympathique – à mille lieues de son allure de beau ténébreux à voix grave, prouve, aujourd’hui, qu’il a non seulement du métier, le crooneur-pop, mais de l’humour ! De fait, à 47 ans, le chanteur-acteur témoigne, en interview, d’une douce lucidité. D’un sens réel du collectif. Et d’une grande civilité. Les copains d’abord : Julien Rambaldi, le réalisateur de ce premier long métrage en forme de comédie sur l’amitié, ne s’est pas trompé… Le charme, ça fait vraiment tout…
Votre plus grand succès au cinéma, Le cœur des hommes, parlait déjà d’amitié. De Marc Esposito à Julien Rambaldi, une logique s’accomplit ?
Oui, sauf que l’univers de Marc se rapproche plus de celui d’Yves Robert, alors que celui de Julien va plutôt vers Pierre Etaix et Tati. Et j’ai aimé me tourner vers cet univers-là, cette fois-ci. Son esprit, ses situations, son passage de l’humour à l’émotion m’ont fait penser à ces comédies italiennes, aussi, comme “Le grand embouteillage” ou “Le fanfaron”. Bien que “Les meilleurs amis du monde” soit un premier film, on sent qu’il a été nourri par pas mal d’expériences. D’ailleurs, tout était très écrit, il n’y a pas eu d’impro !
Certes, c’est un film sur l’amitié, mais aussi sur les faux-semblants et cette éternelle question : doit-on toujours dire la vérité ? Et, d’ailleurs, est-ce forcément un gage d’amitié ?
Je dois dire qu’avec mes amis, dans la vie, je n’aime pas trop être dans les confidences, les secrets. Par exemple, quand je ne vais pas bien, je préfère aller en forêt, ou faire de la musique…. Pour moi, la longévité en amitié, c’est aussi la discrétion, la délicatesse. Cela étant, ce que je trouve intéressant dans ce film, c’est justement que quelqu’un, en l’occurrence le personnage de Pierre-François Martin-Laval, dise la vérité sur lui-même. Car il me semble, encore une fois, que ce n’est jamais vraiment le moment de la dire, cette vérité ! C’est tellement fragile… Disons que j’aurais plutôt tendance à fonctionner sur le registre : si tu es mon ami, préserve-toi !
Julien Rambaldi, le réalisateur, est votre ami dans la vie. Est-ce la raison pour laquelle il a fait appel à vous ?
C’est vrai, avec Julien, nous sommes amis, nous avons même une famille en commun. Mais je ne l’ai volé à personne, ce rôle ! En fait, j’ai été très surpris et très heureux d’être dans son collimateur de cinéaste ! Quand un ami te demande de le rejoindre sur un projet aussi fort que son premier film, tu te dis qu’il faut se mettre à son entière disposition pour chercher à l’aider. A le soulager. Je dois dire que dans la vie, j’ai plutôt pratiqué les sports collectifs. Donc c’est de construire cette maison-là qui m’intéresse. Ensemble. Dans le partage. D’ailleurs, en règle générale, je refuse l’idée de toute compétition. Je ne suis pas très à l’aise, par exemple, au Festival de Cannes, avec cette concentration de combats de coqs ! De fait, j’ai la chance d’être resté ami avec tous les gens avec lesquels j’ai travaillé…
On vous connaît sans doute davantage comme chanteur que comme acteur. Mais vous au fond, comment le voyez-vous, le cinéma ?
J’ai appris à discerner le monde avec le cinéma ! Des films comme “Le fanfaron” (de Dino Risi) ou “Le salon de musique” (de Satyajit Ray) m’ont bouleversé. Pour moi il n’y a pas de caste. Je n’aime pas les systèmes de cercle. D’ailleurs un jour, on m’a demandé d’interviewer deux acteurs de mon choix. Et j’ai pris Jacqueline Maillan et Philippe Caubère : l’un et l’autre étaient passionnants ! Avec moi, en fin de compte, c’est plutôt transversal. C’est sans doute la raison pour laquelle je n’ai pas la carte, comme on dit. Mais… Je n’ai pas envie de l’avoir ! Je fais ce métier comme un curé qui aime les gens… C’est ça que j’ai envie de leur dire !
Propos recueillis par Ariane Allard
Les meilleurs amis du monde
De Julien Rambaldi
Avec Marc Lavoine, Pierre François Martin-Laval, Léa Drucker et Pascale Arbillot.
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Sortie le 9 juin 2010.
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