Lovelace – biopic
Lovelace De Rob Epstein et Jeffrey Friedman Avec Amanda Seyfried, Peter Sarsgaard et Sharon Stone Durée : 93 min. |
Sortie le 8 janvier 2014
L’audace de retranscrire à l’écran le parcours d’une star du porno dans une Amérique où sévissent encore des clones de notre Boutin nationale n’est pas le moindre mérite des cinéastes Rob Epstein et Jeffrey Friedman. Leur film ne manque pas d’ailleurs de résonner d’une troublante actualité malgré un propos vieux de presque un demi-siècle. Nous sommes à la fin des années 60. Linda, jeune femme de vingt ans, corsetée par les pieux lacets d’une mère rigide et étouffante va croiser la route de Chuck, charismatique garçon auquel elle ne résistera pas, plus par désoeuvrement familial que pour les choses de l’amour. Ce dernier la persuade de jouer dans un film pornographique. Quelques mois plus tard, sort Gorge profonde qui devient un triomphe et fait instantanément de Linda une star unique. Elle assumera crânement le rôle de sa vie : être la reine de la liberté sexuelle… Traité avec une immense pudeur tant probablement pour atteindre un plus large public que pour d’évidentes raisons purement cinématographiques, le portrait de cette femme au destin hors du commun suit une construction chronologique à l’intérieur de laquelle deux lignes narratives se chevauchent. Ce parti pris permet ainsi de mettre le spectateur face à une double réalité, celle des apparences, du faste, des paillettes et des sunlights où tout brille de mille feux et celle, moins avouable des coulisses, des coups et humiliations subies par cette pauvre fille paumée, genre de Cosette dans un monde machiste et forcément violent. Même si la mise en scène de cette dualité aurait mérité d’être traitée avec plus de rigueur et même de radicalité pour mieux suggérer ces deux routes désespérément parallèles, le procédé affiche une efficacité certaine. L’interprétation est par ailleurs sans faille. Bien sûr, il y a le plaisir de retrouver Sharon Stone, parfaite et quasi méconnaissable en tarée du culte, dont la présence ne manque pas d’ironie et presque d’autodérision vingt ans après sa sulfureuse composition de Catherine Trumell chez Verhoeven. Elle est superbement entourée de James Franco lui aussi méconnaissable et du couple vedette formé d’Amanda Seyfried et Peter Sarsgaard. Un biopic très honnête donc qui témoigne d’une époque où la sexualité se parait aussi d’atours éminemment politiques. Franck Bortelle [embedyt] https://www.youtube.com/watch?v=URvwUCJ4Bhk[/embedyt] A découvrir sur Artistik Rezo : |
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