Louise Bourgeois : l’araignée, la maîtresse et la mandarine

Ce portrait filmé nous permet d’entrer dans l’intimité de Louise Bourgeois. Un documentaire centré davantage sur la personnalité – perçue dans son travail – de l’artiste que sur son œuvre. Autrement dit, un regard qui nous montre l’esprit d’indépendance et de liberté de Louise Bourgeois. Mais comment « résumer » un parcours aussi riche que celui de Louise Bourgeois ? Tout simplement en écoutant Louise Bourgeois elle-même, qui nous brosse un autoportrait simple, émouvant et frontal.

Dérangeante, touchante, traumatisée, utilisant l’art comme exutoire, Louise Bourgeois est une artiste sensible qui nous renvoie immanquablement au travail d’autres illustres artistes comme Brancusi, Canova, Dali ou encore Noguchi.

En moins de deux heures, sa vie nous est racontée. Enfance, famille, traumatismes, coups de cœur, rencontres, coups de foudre artistiques… Tout y passe et le spectateur ne peut qu’être happé par un parcours aussi riche de sens, et embarqué dans un bouillonnement créatif et intellectuel. Suivant son mari, Robert Goldwater, historien de l’art américain, à New York, elle se met à fréquenter les surréalistes en exil, comme André Breton ou encore Léon Trotski. Mais elle reste à l’écart, farouchement indépendante et inventive au milieu de ces hommes artistes. Ce film nous dévoile une femme forte, fragile et troublante.

Ce film dépeint un parcours chronologique en trois volets : I DO, I UNDO, I REDO. Trois volets qui renvoient à une splendide exposition éponyme, organisée à la Tate Modern en 1999-2000. Ce fil rouge nous permet de découvrir et de comprendre les œuvres majeures de Louise Bourgeois.

Alternant images d’archives et interviews, ce documentaire est fait d’assemblages de moments forts. Comme lorsqu’elle présente ses installations (La Chambre rouge (Enfants) et La Chambre rouge (Parents)), en confiant que l’écrivain Françoise Sagan est comme une sœur pour elle. Mais aussi quand elle rigole aux éclats portée par son fils et son assistant, ou encore, quand elle nous rappelle que l’Araignée est sa mère : « Parce qu’elle était aussi intelligente, patiente, propre et utile, raisonnable qu’une araignée. »

Amei Wallach et Marion Cajori ont réalisé un portrait simple et riche. Un documentaire qui au final ne cherche pas simplement à vous faire découvrir l’œuvre et la vie de Louise Bourgeois, mais plus à vous dévoiler le procédé fondamental de son œuvre : l’assemblage d’éléments hétéroclites produisant ainsi de nouveaux sens et émotions.

Aurélie Steunou-Guégan

Titre original : Louise Bourgeois : The Spider, the Mistress and the Tangerine
Long-métrage américain.

Durée : 1h39 min. Année de production : 2008
Un film réalisé par Amei Wallach & Marion Cajori
Avec Louise Bourgeois, Pandora Tabatabai Asbaghi, Jean-Louis Bourgeois, Guerilla Girls, Jerry Gorovoy, Charlotta Kotik, Frances Morris, Robert Störr, Amei Wallach, Deborah Wye.

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Film à voir dans trois cinémas en France :

MK2 Beaubourg
50, rue Rambuteau 75003 Paris. Métro Rambuteau, Les Halles

Reflet Medicis
3 rue Champollion 75005 Paris. Métro Saint-Michel, Cluny

Cinéma Comoedia
13, av. Berthelot 69007 Lyon. Métro Jean-Mace