Life during war time – Todd Solondz
On prend les mêmes et on recommence. Enfin pas tout à fait. Todd Solondz a en effet décidé pour la suite de son film Happiness de reprendre les mêmes personnages mais sans toutefois le même casting. Exit donc les Philip Seymour Hoffman et Jon Lovitz et place à des acteurs moins connus comme Paul Reubens (alias Mr Pee-Wee) ou encore Michael Lerner (mémorable producteur dans Barton Fink des frères Coen).
Bande-Annonce d’Happiness (1998)
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Les sœurs Forman
Dix ans sont donc passés depuis notre rencontre avec les trois sœurs Forman qui sont toujours aussi dépressives mais essayent tant bien que mal de vivre leur vie en oubliant le passé et leurs problèmes. Sauf que cela n’est pas si simple et les démons semblent les poursuivre partout où elles vont.
De même, il en est fini du New Jersey et place à la Floride et la Californie avec ses lumières chaudes, ses décors majestueusement kitch, ses beaux palmiers et belles maisons. Souhaitant retrouver du réconfort et de l’aide auprès de ses deux sœurs, Joy décide donc de les retrouver sans savoir que chacune d’entre elles essaye aussi de régler leurs problèmes à leur façon.
Un casting sur-mesure
Todd Solondz soigne toujours sa distribution d’acteurs et réussit à nouveau à nous épater en mettant en haut de l’affiche des seconds couteaux du cinéma américain connus de tous. Comme les frères Coen, Solondz réunit un casting prodigieux avec des faciès toujours aussi ingrast et ayant parfaitement la tête de l’emploi. On retiendra ainsi l’apparition jubilatoire de Charlotte Rampling en une nymphomane mélodramatique faisant face à Ciaran Hinds, ancien taulard pédophile et que l’on a déjà pu voir dans Munich et There will be blood.
Chacun cherche son chat
Même s’il on pourra reprocher à Solondz ses successions de séquences confrontant à chaque fois deux personnages de l’histoire, on reste tout de même scotché devant ces répliques sauvages et burlesque frisant l’ironie et la dérision ; à l’image de celle entre Joy et sa sœur Trish parlant politique ou encore cette séquence particulièrement émouvante entre Bill et son fils aîné Billy. Même si l’on aperçoit un iphone par là et un poster du film I’m not there par ici, le film semble néanmoins mélanger les décennies en les adaptant à chaque personnage. Trish semble tout droit sorti des années 60, sa sœur Joy semble encore vivre dans les années 70 tandis que Billy porte en lui le retour aux années 80 et que Bill est enfermé dans les années 90. La musique fait par ailleurs écho elle aussi à chaque personnage caractérisé par de la musique baroque pour Bill et une belle mélodie du bonheur pour sa femme Trish. Comme dans le premier opus, Joy reprend quant à elle sa guitare en chantant une ballade portant le titre du film et toujours écrite par Solondz lui-même.
En reprenant le même cadre que dans Happiness, Solondz semble porter une certaine nostalgie à une époque qui semble déjà bien lointaine.
Sans toutefois marquer les esprits comme il a su le faire par le passé, Todd Solondz retrouve ses premiers personnages pour les faire évoluer dans un monde nouveau et dont l’horreur humaine, l’égoïsme, la paranoïa et la perversité de l’être humain vont toujours bon train. A voir rien que pour son admirable casting et ses dialogues percutants.
Edouard Brane
Life during war time
De Todd Solondz
Avec Shirley Henderson, Ciarán Hinds, Allison Janney
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Sortie le 28 avril 2010
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