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Les Gens du Monde : dans la peau d’un journaliste…

13 septembre 2014
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Les Gens du Monde

De Yves Jeuland

Avec Raphaëlle Bacqué, Ariane Chemin, Nabil Wakim, Arnaud Leparmentier, Thomas Wieder, David Revault d’Allonnes, Caroline Monnot et Didier Pourquery

Durée : 82 min.

Sortie le 10 septembre 2014

Montre les mains qui courent sur les claviers. Les cheveux décoiffés et les yeux cernés après une nuit de veille. Le choix des mots. Il se moque bien de l’arrière-plan électoral qui ne lui sert que de mise en situation. Plus encore, Yves Jeuland n’hésite pas à recourir à l’artifice dans la mise en scène des héros qu’il s’est choisi. On voit alors les journalistes s’interroger sur leur métier dans de vraies fausses interviews téléphoniques. L’image ne tremble jamais, le cadre est toujours soigné, le plan construit, parfaitement léché. Et ce sont ces mécanismes de mise en scène pure qui dévoilent la valeur créative de ce documentaire terriblement réjouissant. Il aurait pourtant pu être tentant de prétendre à l’objectivité et de se glisser dans cette rédaction en usurpant ses codes, tant le travail du documentariste approche parfois celui du journaliste.

Mais Yves Jeuland assume son rapport à la fiction. Ainsi, Les Gens du Monde constitue-t-il un portrait aussi magnifique qu’instructif d’une profession qui soulève toujours beaucoup de questions. L’une de ses plus grandes qualités étant d’ailleurs de ne pas chercher à y répondre à la place des spectateurs. Ceux-ci ne pourront alors quitter le film qu’à regret, avec le sentiment d’avoir partagé quelque chose avec ces journalistes. Après avoir ri et veillé à leurs côtés. Ressenti l’indignation de l’un et la malice de l’autre. Alors, ce que Les Gens du Monde nous donne à voir, entre fiction et réel, c’est l’intelligence subtile et l’artisanat fragile qu’exige la création de l’information, la fabrication de notre quotidien.

Ce que j’aime chez tous ces politiques, c’est leur côté irréel”, déclare Raphaëlle Bacqué. Pendant près d’une heure et demie, Yves Jeuland, lui, nous a rendu ces journalistes plus réels. Et il semble bien difficile de sortir de la rédaction du Monde sans les aimer en retour.

Raphaëlle Chargois

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[Crédits photos : Les Gens du Monde, 2014 © Folamour]

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