Les étés meurtriers du cinéma français
Les Vacances du petit Nicolas De Laurent Tirard À Toute épreuve Fastlife De Thomas Ngijol L’Homme qu’on aimait trop D’André Téchiné |
Contrairement à ce qui se passe aux États-Unis, l’été est souvent morose en termes de sorties cinéma. Si quelques blockbusters US tirent sans mal leur épingle du jeu, le cinéma français peine souvent à s’en sortir durant cette saison. Des étés meurtriers qui s’expliquent assez simplement… La faillite estivale du cinéma français a trouvé son étendard 2014 en la personne du petit Nicolas. Le héros de Sempé et Goscinny, porté à l’écran par Laurent Tirard pour la deuxième fois, semble en effet légèrement à la traîne. Après 2 semaines d’exploitation, Les Vacances du petit Nicolas a en effet attiré 1,3 million de spectateurs, un score fort honorable mais en net recul par rapport aux 2,1 millions de spectateurs séduits en 2009 lors des deux premières semaines. Les 5,5 millions du Petit Nicolas 2009 ne seront pas atteints. On devrait même en être très loin, si l’on en croit la stupéfiante baisse de fréquentation enregistrée par sa suite en deuxième semaine. Chez les autres films français, c’est moyennement la fête aussi. Le Fastlife de Thomas Ngijol, pourtant salué par la critique, est loin de faire aussi bien que ses précédentes coréalisations avec Fabrice Éboué (Case départ et Le Crocodile du Botswanga). Le dernier André Téchiné, L’Homme qu’on aimait trop, se traîne gentiment loin des sommets du box-office. Quant à À Toute épreuve, sympathique comédie bachelière bénéficiant de la présence du rappeur La Fouine, il ne sera pas le succès surprise de l’été. Les gros films américains du moment détruisent tout sur leur passage (Transformers 4, Dragons 2, Sexy dance 5… que des suites) et le triomphal Qu’est-ce qu’on a fait au bon Dieu squatte toujours le top 5 hebdomadaire pour frôler les 11 millions de dollars. Deux éléments permettent d’expliquer ce climat morose, qui revient chaque année à la même période. D’une part, le spectateur français ne semble pas voir le cinéma comme un bon moyen de profiter de ses vacances d’été, à l’abri de la pluie ou de la canicule (vive la clim). D’autre part, contrairement à des films américains qui bénéficient de campagnes promotionnelles d’envergure, les films français qui sortent l’été n’ont aucune visibilité. Les émissions télé et radio s’arrêtant avant la fin juin, les films français de juillet-août sont impitoyablement relégués aux oubliettes de la promotion. Les acteurs doivent se contenter des journaux télévisés pour venir défendre leur bout de gras, et si les animateurs les plus bienveillants (Laurent Ruquier en premier lieu) n’hésitent pas à parler des films en question dans le courant du mois de juin, les semaines qui s’écoulent jusqu’à la sortie ont tendance à faire oublier la promo, aussi efficace soit-elle. Il est certain que le mois d’août ne verra pas éclore de succès français. Les films de Julie Lopes-Curval (Le Beau monde) et Sarah Léonor (Le Grand homme) devraient drainer un public très restreint dans les salles, indépendamment du talent de leurs auteures ; les dynamiques Combattants (Thomas Cailley), Party girl (du trio Amachoukeli, Burger et Theis) et Des Lendemains qui chantent (Nicolas Castro) risquent de payer leur statut de premier film. Seul SMS (nouveau film du réalisateur de Neuilly sa mère, avec Guillaume de Tonquédec) peut prétendre au succès populaire, d’autant que sa sortie fin août peut lui permettre de rebondir en septembre. Quant au Sils Maria d’Olivier Assayas, malgré un casting très attirant (Juliette Binoche et Kristen Stewart), il devra lui aussi son éventuel salut à une carrière prolongée au-delà de l’automne par des programmateurs bien décidés à ne pas laisser de beaux films sacrifiés sur l’autel de l’été. Lucile Bellan À découvrir sur Artistik Rezo :
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