Les Césars 2021 – Enorme de Sophie Letourneur
Après deux analyses de longs-métrages véritablement bons et doux, nous tombons pour la première fois sur un os dans cette sélection des Césars 2021. Enorme est réalisé par Sophie Letourneur. Nominé pour le César du meilleur acteur, il comporte un duo de tête incroyable : Jonathan Cohen, aka Serge le mytho, ainsi que Marina Foïs, connue pour son rôle dans La Tour Montparnasse infernale notamment.
Forte de ses têtes d’affiches, l’œuvre de Sophie Letourneur se targue d’être une comédie grand public sur la grossesse. Fred, joué par Jonathan Cohen, est le mari/impresario de Claire, Marina Foïs, pianiste d’exception. Réglée comme du papier à musique, leur vie commune n’a pas la place pour un enfant. Cependant, Fred veut être père après avoir aidé une femme à accoucher dans un avion. Pour combler cette fantaisie égoïste, il échangera la pilule de sa dulcinée contre une sucrette pour que la “magie opère”.
Et parlons-en de cette “magie” ! Là ou n’importe quelle comédie aurait joué sur le quotidien d’une femme enceinte pour créer une comédie sympathique, celui-là est beaucoup trop proche de la réalité ! Tout simplement, ce n’est pas drôle. Le sujet est beaucoup trop dur pour faire sourire, et nous n’allons pas contre le fait que nous pouvons rire de tout. Ici, la plupart des scènes sont d’un réalisme horrifiant. La scène d’accouchement est symptomatique de l’ensemble du film. Lors de celle-ci, l’infirmière explique avec précision chacune des actions qu’elle entreprend. Elle remonte le lit et descend le bassin de Marina Foïs pour simplifier l’accouchement. Ce ne sont clairement pas des informations qui méritent d’être données dans une comédie. Couplées à l’atmosphère froide et pesante de la pièce, on se sent mal à l’aise. Et c’est bien le problème.
Avant de voir un film, il y a tout un processus qui vise à nous y préparer. La bande annonce est un bon indicateur. Elle est drôle, rythmée et décalée quand le film est lent, sérieux et pesant. Le casting aussi semble dérouter. Rarement on a vu Marina Foïs et Jonathan Cohen jouer ce genre de rôles. Nous comprenons l’incompréhension qui règne autour du film, ce n’est pas un drame pour autant. On se rapproche nettement plus du format documentaire, et c’est clairement ce qu’a révélé la réalisatrice pendant les interviews ! Pourquoi cette communication belliqueuse ? L’idée la plus simple serait que la production ne croyait pas au projet. D’où l’ajout de Jonathan Cohen ainsi que cette intention de vouloir transformer le film en comédie – mais ce n’est qu’une spéculation.
Pourtant, le film est loin d’être un navet complet ! La réalisation est incroyablement soignée. Le choix du 1.33 donne à l’image, encore une fois, un aspect promptement réaliste car très proche du format des caméras vidéos. A fortiori la caméra est portée à l’épaule, on se sent presque devant un film en found Footage, à l’instar d’un Play ! d’Anthony Marciano. Comme expliqué plus haut, la réalisation est au service d’une intention de faux documentaire, et la période entourant réellement l’accouchement n’a rien d’une comédie française donc on obtient un produit final complètement bâtard. À mi-chemin entre mockumentaire (faux documentaire) et comédie française, le film ne fait rien correctement malgré un concept original, voire audacieux. Un film difforme qu’on aurait peut-être dû avorter et qui n’accouchera certainement pas d’une statuette pour Jonathan Cohen.
Victor Ribeiro
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