0 Shares 1826 Views

Les Césars 2021 – Critique d’un Divan à Tunis de Manele Labidi

Victor Ribeiro 4 mars 2021
1826 Vues

La Cérémonie des Césars aura lieu le 12 mars 2021. À l’aube d’une édition particulière marquée par la crise sanitaire, nous avons décidé de vous offrir un tour d’horizon des films nommés ainsi que nos favoris. Installez-vous confortablement car, pour cette première escale, nous nous installerons sur Un divan à Tunis !

Sorti initialement en février 2020, le film a fait les frais d’une pandémie mondiale que l’on connait tous. Manele Labidi, pour son premier essai derrière la caméra, nous propose sa vision de la Tunisie post-révolution à travers le personnage de Selma, incarnée à merveille par Golshifteh Farahani. La copine d’Adam Driver dans Paterson joue une psychanalyste retournant dans son pays natal pour exercer. Se trouvant inutile à Paris, elle cherchera à retrouver une place parmi les siens à Tunis. Une opposition se mêlera ainsi entre son mode de vie occidental, fumeuse célibataire de 35 ans, et le mode de vie encore traditionaliste de la Tunisie.

L’œuvre de Labidi est profondément douce et honnête. Là ou le discours aurait pu admonester le mode de vie tunisien, il n’en est rien. On parle d’adaptation et l’on cherche profondément à comprendre cet écart culturel. Néanmoins, certains problèmes sont pointés du doigt comme l’administration qui a l’air profondément sclérosée et fainéante, les mœurs encore arriérés, en façade, ou la justice aveugle par instant. Cette dichotomie, entre compréhension et jugement aveugle, est représentée par le personnage de Selma.

Elle est psychanalyste. Elle se met en retrait pour laisser la place à ses patients, les écouter et comprendre leurs névroses. A fortiori, elle fait de même pour l’intégralité du film. Son personnage est suffisamment neutre et en retrait pour que le spectateur s’identifie mais tire ses propres conclusions en toute autonomie. Elle est un prisme entre la diégèse et le public. Lorsqu’elle foule la terre tunisienne, elle embarque le public, explique sa situation puis lui laisse le soin d’observer à sa guise. Nous comprenons que cela puisse être un frein car elle semble être inexpressive et vide, mais cette direction d’acteur va de pair avec l’intention de Manele Labidi. Elle cherche à nous faire voyager, l’histoire n’en devient que secondaire. Pendant un peu moins d’une heure et demie, nous sommes baladés au gré des intrigues secondaires pour découvrir quelques facettes de Tunis.

De surcroît, à l’instar d’un Woody Allen dépeignant New York via des personnages haut en couleurs, Manele Labidi nous personnifie Tunis grâce aux portraits de ces habitants. Mêlée à une réalisation sobre mais diablement efficace, cette douce satire saura redorer son blason grâce aux Césars 2021. C’est notre favori pour le meilleur premier film, nous aurons été les premiers à vous le dire.

Victor Ribeiro

Articles liés

unRepresented by a ppr oc he revient pour une 3e édition du 4 au 6 avril au Molière à Paris
Agenda
68 vues

unRepresented by a ppr oc he revient pour une 3e édition du 4 au 6 avril au Molière à Paris

Pour sa troisième édition, le salon unRepresented by a ppr oc he revient du 4 au 6 avril au Molière à Paris et réunit 16 propositions singulières : 15 solo shows, et une installation in situ. Parmi elles, sera...

“La Ménagerie de verre” de Tennessee Williams : une création inédite à découvrir pour la première fois au Lucernaire !
Agenda
61 vues

“La Ménagerie de verre” de Tennessee Williams : une création inédite à découvrir pour la première fois au Lucernaire !

Nous sommes chez les Wingfield, à Saint-Louis, dans l’Amérique des années 30. Amanda élève seule ses deux grands enfants, Tom et Laura. Elle est dépassée par l’éducation de ses enfants, connaît des difficultés financières et une sorte de crise...

Après un beau succès, “L’Alchimiste” de Paulo Coelho revient au Lucernaire
Agenda
64 vues

Après un beau succès, “L’Alchimiste” de Paulo Coelho revient au Lucernaire

À la suite d’un rêve lui révélant l’existence d’un trésor caché, Santiago, jeune berger andalou, décide d’entreprendre un voyage. Ce périple le conduit d’Andalousie jusqu’au pied des pyramides, en passant par Tanger et le désert du Sahara… Ce voyage...