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Les Césars 2021 – Antoinette dans les Cévennes

Victor Ribeiro 8 mars 2021
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Après un premier voyage du côté de Tunis, penchons-nous maintenant sur la catégorie “meilleure actrice”. Laure Calamy connaît une ascension fulgurante ces derniers temps. Forte de son rôle dans Dix pour cent puis dans La Flamme au côté de Jonathan Cohen, elle signe aujourd’hui son premier vrai premier rôle au cinéma. Nous nous posons donc cette fois-ci dans le Massif central : à nous Antoinette dans les Cévennes !  

Second film de sa réalisatrice Caroline Vignal, vingt ans après c’est à souligner, celle-ci nous raconte l’histoire d’Antoinette, une maitresse d’école mais surtout maitresse de Vladimir, le père d’une de ses élèves. À la suite d’un changement de plan, Vlad doit partir dans les Cévennes avec sa femme et sa fille. Antoinette, folle amoureuse, décide de faire le même trajet pour le retrouver incognito et lui faire part de ses sentiments.

Le film est une bouffée d’air frais. Loin d’être un pamphlet moralisateur sur l’infidélité, on traite surtout d’Antoinette. Personnage doux et profondément humain, on aime l’entendre penser et se démener dans sa vie sens dessus-dessous. Accompagné de Patrick, probablement le plus attachant des ânes jamais vus sur grand écran, elle parlera souvent seule au gré de son voyage à travers la France. Devenant presque un rite initiatique, elle apprendra à questionner ses choix pour finalement comprendre la personne qu’elle souhaite devenir.
Néanmoins, le film n’est pas prévisible et cliché ! Il suffit de voir le rapport qu’entretient notre protagoniste envers la femme de son amant. Froid et diablement réaliste, cette relation passive agressive a de quoi mettre en joue le rapport qu’entretient tout un chacun à l’infidélité. La notion d’acceptation semblerait déplacer dans n’importe quel long métrage mais pas ici, tant le ton léger et quasi surréaliste casse le côté sévère de la situation.
On ne peut d’ailleurs évoquer les rapports entre personnages sans réellement aborder LE personnage de ce film. Laure Calamy est nominée pour le César de la meilleure actrice c’est un fait, et on ne peut que le comprendre. Portant le film sur ses épaules, elle nous gratifie presque d’un one woman show tant son seul partenaire reste Patrick l’âne. Il faut dire que c’est souvent la mise en scène qui la met en valeur. Antoinette est absolument tout le temps au centre d’immenses espaces verts. Lorsque ce n’est pas le cas, on retrouve l’intimité d’un gite à la lumière chaude ou la terrasse vivante d’un bar. Ces décors couplés au jeu d’acteur de Laure ne peuvent être, dans le fond, que sublimés par les dialogues extrêmement drôles et authentiques de Caroline Vignal.




En dépit de toute ses qualités, le métrage possède quelques faiblesses. S’organisant sur un schéma ultra codifié, celui d’un voyage d’un point A vers un point B, le rythme s’en retrouve saccadé voire mou par instant. Il n’y a pas vraiment de climax, et l’enchainement de péripéties ne semble pas transformer notre chère Antoinette, du moins pas avant la toute fin. Il ne sera pas surprenant de passer d’une scène à l’autre sans véritable lien. Dès lors, le soufflet a tendance à retomber car certaines scènes fortes sont tout à fait désamorcées par une autre scène oubliable ou oubliée.

Notre travail étant d’être tatillon et pointilleux, il en reste un film profondément agréable, bien qu’écrit pour offrir la récompense à Laure. Le temps filera à une vitesse de croisière agréable, vous permettant d’observer le paysage avec un guide tout à fait adéquat. De quoi vous évader quelques temps de notre quotidien Covidé et morose.

Victor Ribeiro

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