Le Ruban blanc – film de Michael Haneke
Etoffe immaculée, gage d’innocence et de pureté, barrière contre « l’égoïsme, l’envie, l’impudicité, le mensonge et la paresse ». Le ruban blanc, noué dans les cheveux ou au bras des enfants, symbolise la stricte éducation inculquée par le pasteur d’un village du nord de l’Allemagne protestante. Si, dans la Symphonie pastorale d’André Gide, l’homme de foi guide une jeune fille aveugle, celui de Michael Haneke semble accompagner la cécité naïve de ses paroissiens égarés. Car depuis l’accident du médecin, leur bourgade, administrée par un baron, succombe à d’étranges incidents, parfois mortels. De l’aveu même de l’instituteur, narrateur a posteriori, bien des mystères persistent à l’heure du récit.
Le réalisateur compose une ambiance fascinante, extraite davantage du tissu social que du décor. A l’instar d’une construction balzacienne, les caractères des personnages et leurs relations au sein de la société soutiennent l’intrigue. Les parcimonieux plans de paysages s’avèrent éblouissants voire impénétrables ; d’abord à cause des blonds épis de blés puis du blanc manteau neigeux. Ces surfaces muettes, réverbères naturels, refusent l’empreinte de la comédie humaine. L’environnement paraît vaste, vide, presque lointain. Au contraire, la caméra s’attarde précisément sur l’étude des mœurs. Cette édification, lente et minutieuse, provoque une tension latente, persistante tout au long du scénario. L’atmosphère angoissante, suffocante, accouche alors parfois de sursauts visuels.
Performance à suspens
Après le succès du film La pianiste (Grand Prix du Jury à Cannes en 2001), qui a couronné Isabelle Huppert (Prix d’Interprétation Féminine) et Benoît Magimel (Prix d’Interprétation Masculine), Michael Haneke se voit décerner la Palme d’or 2009 pour Le Ruban blanc. Le dernier Festival de Cannes, présidé par la même Isabelle Huppert, consacre ainsi le réalisateur autrichien qui devrait retrouver son actrice fétiche en 2010 pour un projet de long-métrage tourné en France, marquant également le retour sur les écrans de Jean-Louis Trintignant.
En attendant, certes Le Ruban blanc pèse par sa pellicule de 2h25 et son apparence austère. Toutefois, cette endurance relève de la performance à suspens, tant les mœurs sulfureuses de ces villageois entretiennent l’ambiguïté de l’histoire. Les acteurs font jeu égal dans l’excellence et assurent la crédibilité de leur situation sociale. La ribambelle d’enfants est de son côté époustouflante d’aplomb. Enfin, indispensable par sa candeur et sa bonhomie enfantine, le couple de la nurse et de l’instituteur – et narrateur – admet une étincelle vitale au cœur de la sombre fable.
Film marathon, le Ruban blanc parvient à rythmer son scénario de rebondissements déstabilisants. Point de morale dans le script de Michael Haneke mais un constat : le ruban blanc, au fil des années, se défraîchit de sa virginité morale.
Cyril Masurel
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Goya 2011 (13 février)
- Nomination : Goya du meilleur film européen
Oscars 2010
César 2010 (26 février)
- Nomination : César du Meilleur film étranger
- Nomination : Orange British Academy Film Awards 2010 et Meilleur film non anglophone
Golden Globes 2010
- Nomination : Meilleur film en langue étrangère
- Nominations : European Film Award du Meilleur film Michael HanekeEuropean Film Award du Meilleur réalisateur Michael HanekeEuropean Film Award du Meilleur scénario Michael HanekeNommé European Film Award de la Meilleure photographie
Paris Cinéma 2009 (du 2 au 14 juillet)
- Avant-premières Michael Haneke
Festival de Cannes 2009 (du 13 au 24 mai)
- 1 prix : Palme d’or
Le Ruban blanc
De Michael Haneke
Avec Christian Friedel (professeur), Ernst Jacobi (narrateur), Leonie Benesch (Eva), Ulrich Tukur (baron), Ursina Lardi (baronne), Burghart Klaußner (pasteur), Steffi Kühnert (femme du pasteur), Leonard Proxauf (Martin), Maria-Victoria Dragus (Klara), Levin Henning (Adolf), Josef Bierbichler (régisseur), Rainer Bock (médecin), Susanne Lothar (sage-femme), Roxane Duran (Anna), Miljan Chatelain (Rudolf) et Eddy Grahl (Karli)
Sortie le 21 octobre 2009
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