Le Parrain : 5 faits sur la légende
Il y a quelques semaines, à l’occasion des 30 ans de la sortie du dernier opus, Francis Ford Coppola nous offrait un nouveau montage du dernier film de la trilogie Le Parrain. L’occasion de se replonger dans le mythe de la dynastie Corleone.
Avant d’être une série de films ayant marqué l’histoire du cinéma tant par la qualité des œuvres que par les nombreuses histoires légendaires qui entourent ses tournages, Le Parrain est avant tout un best-seller littéraire. Le roman de Mario Puzo, sorti en 1969, nous plonge dans le système de la Cosa nostra, mafia sicilienne ayant connu un fort développement aux États-Unis au cours du XXe siècle. Puzo décrit la vie et la mort de Vito Corleone, immigré italien ayant créé à New York un empire aussi puissant qu’un état. À la manière d’un conte, nous suivons sa passation de pouvoir au plus jeune de ses trois fils, Michael, qui doit s’imposer comme le nouveau Don.
Malgré le succès retentissant du roman de Puzo, ce sont véritablement les films de Francis Ford Coppola qui ont fait passer Le Parrain du statut de succès à celui de légende. Comme nous l’évoquions, cela est notamment dû aux petites histoires qui les accompagnent. Voici donc 5 faits sur Le Parrain que vous ne connaissiez peut-être pas.
1. Marlon Brando et Al Pacino ont failli ne pas jouer dans le film
C’est sûrement la plus connue des histoires sur Le Parrain, mais aussi la plus invraisemblable. Et en effet, si l’on considère aujourd’hui ces deux acteurs comme de véritables monstres sacrés du 7e art, ils n’ont pourtant pas fait l’unanimité il y a 50 ans au moment où Coppola et la Paramount s’occupaient des castings.
Il était alors difficile de croire que Marlon Brando remporterait l’année suivante l’Oscar du meilleur acteur pour le rôle de Vito Corleone. À l’époque, il était en disgrâce auprès des studios pour son comportement réputé problématique sur les tournages. La Paramount refusa catégoriquement qu’il soit impliqué dans le projet, mais c’était sans compter sur la détermination et la malice de Francis Ford Coppola qui s’arrangea pour filmer les essais de Marlon Brando. Une fois les images dans la boîte, plus personne ne pouvait douter qu’il serait le meilleur interprète possible pour le rôle du Don.
Il en va de même pour Al Pacino. Contrairement à Brando, il ne jouissait pas encore du statut de star mondiale qui est le sien aujourd’hui. C’était la volonté de Coppola de choisir un acteur méconnu, mais le choix de Pacino n’emballait pas non plus la Paramount. Et on les comprend quand on sait que des concurrents tels que Robert Redford, Warren Beatty, Jack Nicholson ou encore Robert De Niro ont convoité ce rôle. Coppola obtint finalement gain de cause, même si la crainte de se faire renvoyer aura duré jusqu’à la fin du tournage pour lui et son protégé.
2. Le personnage de Johnny Fontane est basé sur Frank Sinatra
À l’instar du personnage de Vito Corleone, basé sur de véritables chefs de la pègre italo-américaine, certains personnages et certaines histoires sont tirés de la réalité. L’exemple le plus emblématique est sans aucun doute le personnage de Johnny Fontane, inspiré de Frank Sinatra.
Si sa présence dans le premier film est assez anecdotique, il s’agit d’un personnage majeur de l’œuvre littéraire. Puzo calque l’ascension de Fontane sur celle de “The Voice”, d’abord chanteur au sein d’un groupe folklorique avant une émancipation en solo, avec le soutien de la mafia. Dans le roman Fontane va jusqu’à remporter un Oscar, ce qui fût le cas de Sinatra en 1954, pour Tant qu’il y aura des hommes de Fred Zinnemann. Le rôle qui vaut l’Oscar à Fontane est d’ailleurs à l’origine d’une scène culte du premier film, quand le Don fait au producteur “une proposition qu’il ne pourra pas refuser”, en s’occupant d’une manière peu conventionnelle du cheval de celui-ci.
3. Les grands-parents d’Al Pacino sont nés dans le même village que Vito Corleone
Si Al Pacino n’a pas tout de suite convaincu les producteurs de sa capacité à porter le rôle de Michael Corleone, il ne fait aucun doute que les points communs entre lui et son personnage ont aidé à les séduire. En effet, si Vito Corleone se nomme ainsi c’est en référence à son village natal. Corleone est la terre qui a vu naître le parrain, mais pas seulement. Elle a également vu naître les grands-parents de l’interprète de Michael.
Ce n’est d’ailleurs pas la seule coïncidence de ce type. Alfredo Pacino de son vrai nom, n’est pas surnommé Al par ceux qui le côtoient au quotidien mais Fredo. Et Fredo, c’est le nom du cadet des enfants Corleone.
Ce n’est pas assez ? Et bien au-delà de ce diminutif, Al Pacino a eu un surnom affectueux tout au long de son enfance. Ce surnom : Sonny. Comme vous le savez sûrement, c’est le nom du fils aîné de la fratrie.
Comment imaginer un autre interprète pour le rôle de Michael quand on voit à quel point il colle à la peau d’Al Pacino ?
4. Un deuxième film pour Robert De Niro
Le Parrain, film adapté du roman de Mario Puzo, ne s’inscrivait pas à l’origine dans une saga. Mais sentant l’alchimie qui opérait au tournage, Coppola et Puzo se mirent avant même la sortie du film à lui écrire une suite. C’est en partie la frustration de ne pas avoir offert de rôle à Robert De Niro qui motiva Coppola à se lancer dans l’aventure du Parrain, 2e partie.
Et effectivement, deux ans après la sortie du premier film, nous retrouvons les Corleone dans une nouvelle histoire qui traite des difficultés inhérentes au titre de chef de famille auxquelles doit désormais faire face le nouveau Don.
Coppola et Puzo ont alors eu l’idée d’inclure des passages du roman qui avaient été écartées à l’écriture du scénario du premier film. Ces passages contaient la genèse de l’empire de Vito Corleone et sa transformation en chef de la mafia. Dans un montage alterné soulignant le parallélisme entre la trajectoire du père et celle du fils, nous assistons donc à l’arrivée d’un nouvel interprète du rôle de Vito Corleone : Robert De Niro.
Le succès de la partie 2 est tel qu’un débat demeure encore aujourd’hui sur lequel du premier ou du deuxième film est le meilleur de la saga.
5. Le refus de l’Oscar du meilleur acteur par Marlon Brando
Autour du film Le Parrain, il y a les petites anecdotes et les grandes histoires. Ce cinquième point fait définitivement partie de la seconde catégorie.
Lorsque l’on pense à la prestation de Marlon Brando dans le rôle-titre du premier film, un adjectif peut la résumer dans son ensemble : magistrale. Brando n’est pas seulement juste, pas seulement authentique, il a également énormément apporté à la construction de son personnage. Lors des fameux essais filmés, il remplit ses joues de mouchoirs pour se donner un aspect de Bulldog. Cela sera repris dans le film sous la forme de prothèses faciales. De la même façon, la légendaire voix rauque et chuchotée de son personnage est également une proposition de l’interprète du parrain. Tout cela a logiquement conduit à sa victoire aux Oscars en 1973 dans la catégorie du meilleur acteur.
Aujourd’hui, il est tout à fait commun de voir des acteurs ou des actrices profiter de ces occasions pour tenir des discours politiques. Et s’ils peuvent être porteurs d’un réel engagement, ils ne sont jamais une prise de risque très importante pour celui ou celle qui prend la parole. En 1973, les choses étaient bien différentes. Prendre position pour une cause ne relevait pas du fait commun. Jusqu’à la victoire de Marlon Brando, qui changea alors définitivement le cours des cérémonies de remise de prix.
Appelé à venir chercher son Oscar, Marlon Brando ne monta jamais sur scène. À la place, une jeune actrice Apache du nom de Sacheen Littlefeather prit la parole et affirma le refus de Marlon Brando d’accepter sa récompense, en signe d’opposition au traitement des natifs américains par les industries du cinéma et de l’audiovisuel. Cet événement demeure l’un des plus marquants de l’histoire des Oscars et sans aucun doute la plus grande prise de risque militante d’une star de cinéma.
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