Le Mur invisible – drame avec Martina Gedeck
Une femme se retrouve seule dans les alpages autrichiens après que ses parents sont rentrés chez eux. Lorsque, inquiète, elle part à leur recherche, elle tombe sur un mur de verre infranchissable qui circonscrit sa liberté à sa maison et les alentours déserts, loin de tout regard humain. Ses compagnons de vie vont alors être les animaux, un chien, une vache, un chat.
Au fil des saisons, au gré des moments joyeux ou déprimants, elle organise son existence et maintient le lien avec l’extérieur en rédigeant son journal.
Rares sont les films qui se sont focalisés sur un personnage unique et plus rares encore ceux qui ont totalement rempli leur cahier des charges. Si Robert Zemeckis avec Seul au monde avait honorablement réussi son pari, fortement aidé par Tom Hanks, c’est plutôt dans la droite ligne de Dersou Ouzala de Kurosawa ou Jeremiah Johnson de Pollack qu’on pensera à inscrire Le Mur invisible » (oublions définitivement L’Odyssée de Pi et ses débauches d’effets spéciaux, ce serait outrageant d’aller comparer deux entités aussi opposées).
La simplicité va en effet primer dans cette adaptation du best seller de Marlen Haushofer. Les moyens n’ont pas afflué et la contrainte financière aura permis d’aboutir à une œuvre qui n’affiche pas des millions d’euros pour convaincre. Pas d’effets spéciaux, juste un personnage et ses animaux, dont ce merveilleux chien Luchs qui mérite un satisfécit, volant parfois la vedette à Martina Gedeck, pourtant prodigieuse dans ce rôle difficile.
La nature ainsi célébrée, au rythme des saisons très marquées, du printemps propice aux rêveries rousseauistes à l’hiver alourdi de neige que célébra Pouchkine dans La Dame de pique notamment, resplendit à chaque plan. Sublimée par le formidable travail du chef opérateur, elle s’implante dans le mental du personnage avec une puissance qui n’a besoin d’aucun mot pour se comprendre. La voix off de la narratrice omnisciente sera d’ailleurs la quasi unique intervention parlée du film.
C’est assurément la corrélation entre la nature et l’imprégnation philosophique du propos qui rend ce film aussi passionnant. Renvoyant l’homme à ses retranchements les plus primitifs et basiques, à ses fonctions vitales débarrassées de tout superflu et avec pour tout rempart à la folie un crayon et du papier, le sujet explore les questionnements les plus essentiels : la responsabilité, la décision du bien ou du mal, la perception du temps, la notion de liberté. Autant de questions qui se heurtent à des murs invisibles que l’on érige soi-même comme autant de remparts…
Franck Bortelle
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Festival Européen du Film fantastique de Strasbourg 2012 (du 14 au 23 septembre)
- Compétition officielle
Le Mur invisible
De Julian Roman Pölsler
Avec Martina Gedeck et Wolfgang Maria Bauer
Durée : 110 min.
Sortie le 13 mars 2013
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