Le FireFlies studio : “L’important dans le cinéma, c’est le collectif”
Le FireFlies Studio réunit une bande d’amis autour de leur passion du cinéma. Partants de rien, projets après projets, ils ont gagné en visibilité. Rencontre avec Freddy Forjat, Vincent Péré et Anthony Coindeau, trois des membres fondateurs de ce studio de production.
Comment est né le FireFlies Studio ?
V.P. : Au tout départ, comme on avait l’habitude de réaliser des films tous ensemble, on voulait créer une structure réunissant nos projets sous le même nom. On a alors pensé créer une entreprise. Quitte à se lancer, autant se lancer à fond !
D’où vous vient cette passion du cinéma ?
A.C. : J’ai toujours voulu faire du cinéma. C’est un peu cliché, mais c’est vrai. Depuis que je suis petit, je regarde des films sur VHS, j’étais obsédé par ça. J’ai accru ma cinéphilie avec l’option cinéma au lycée et, depuis, j’essaye d’avoir des références variées.
V.P. : Un jour, je suis tombé sur un making-of dans un bonus de DVD, et j’ai découvert comment on faisait un film. J’étais fasciné. Fan de super-héros, j’avais aussi l’impression que le cinéma pouvait procurer des super pouvoirs. À ce moment-là, je me suis dit que j’avais envie de faire rêver les gens.
F.F. : De mon côté, j’aimais beaucoup écrire des histoires. Quand j’ai pris conscience de la richesse des scénarios des films, je me suis dit : « Pourquoi pas, un jour, écrire ma propre histoire et la retranscrire à l’image ? ».
Production, réalisation, montage… Votre équipe est polyvalente. Est-ce un atout dans un studio amateur ?
V.P. : À notre échelle, c’est une nécessité. La plupart du temps, on a l’effectif réduit. Donc, d’un tournage à l’autre, on peut avoir des rôles différents, sans avoir vraiment peur de se planter, car on est encore au stade où l’on peut se le permettre. Et puis quand tu es passé par un poste, tu connais mieux ses difficultés et ses caractéristiques. Si après avoir fait du son, tu fais de la réal, tu sais ce que tu peux demander à ton ingé son, ce qui est faisable ou pas. C’est donc très important pour bien diriger.
Parlons du clip Benz, que vous avez réalisé et qui a plus de 13k vues sur Youtube. Quels ont été les enjeux créatifs et les difficultés rencontrées ?
V.P. : Déjà, c’était le premier projet qu’on faisait avec autant de figurants : une vingtaine à diriger sur le plateau.
F.F. : C’est là qu’on se rend compte que c’est une organisation très lourde parce qu’il faut faire les emplois du temps, réussir à mettre en confiance les personnes, être à l’écoute, leur faire comprendre ce qu’on attend d’eux sur le tournage.
V.P. : En termes d’enjeux créatifs, on s’est laissé aller dans des expérimentations de lumières. On a joué avec du matériel qu’on n’avait pas l’habitude d’utiliser. On a vu des endroits qu’on connaissait complètement métamorphosés. Il y avait quelque chose d’interactif sur le plateau, on pouvait voir les choses se construire. Et en même temps, il y avait l’aspect de commande du projet, comme une épée de Damoclès au-dessus de nos têtes.
Qu’en est-il des choix esthétiques du clip Dagger du même artiste, sorti le mois dernier ?
A.C. : On a réfléchi avec plus de rigueur à comment filmer ou éclairer la scène, selon ce qu’on voulait raconter et ce que les couleurs sont censées provoquer chez le spectateur. On a aussi fait la storyline du clip avant que l’artiste écrive les paroles.
V.P. : Notre seule contrainte : raconter une histoire simple. En partant de ça, on a réfléchi à comment mettre en scène cette image d’ange déchu un peu diabolique, sans que cela soit vraiment formel lors de l’écriture. Inspirant ! On a donc choisi certaines références visuelles et opté pour le parti pris des incrustations.
Des projets en préparation ?
A.C. : Je prépare un long métrage ; on a déjà écrit le pitch et le séquencier. Il s’agit d’un road movie dans la France d’aujourd’hui qui traite de la violence policière, de la société.
F.F. : Je suis en train de fignoler l’écriture d’un court métrage, qui s’appelle The Fear Within, qui va traiter d’une personne avec des problèmes psychologiques. Mais est-ce vraiment la personne qui est malsaine, ou bien le regard qu’on porte sur lui ?
V.P. : Je suis en montage d’un court qui parle du deuil et de la façon dont on le traite, à l’ère du numérique, notamment à travers le prisme du jeu vidéo. Par ailleurs, le prochain projet qui sera tourné avec le studio s’appelle Temps Mort, premier film de Eliot Rizzo, qui était jusqu’à présent plutôt notre chef opérateur.
Avez-vous un conseil pour ceux qui souhaiteraient se lancer ?
V.P. : Je les invite à faire du montage. Quand j’étais petit, je n’avais pas de caméra ; alors, je remontais des séquences de films que j’aimais. Si je n’avais pas pris ce temps, je serais comme certains de mes camarades de classe qui sont en galère parce qu’ils cherchent des monteurs.
F.F. : Il faut aussi être très curieux. Il ne faut jamais hésiter à se lancer. Au moins, tu n’as jamais de regrets et tu peux même te découvrir des talents cachés.
A.C. : Le meilleur conseil que je peux donner est de savoir bien s’entourer. Allez voir d’autres personnes qui aiment le cinéma ! Ensemble, vous serez invincibles. Il existe aussi des moyens d’apprendre le cinéma assez accessibles : tutos, livres, etc. On est dans une époque où le cinéma s’est démocratisé. Et si tout le monde peut le faire, rien ne vous empêche vous de le faire !
Propos recueillis par Blandine Texier
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