Le Dernier week-end – Film d’Ali Borgini
Suspense et jeux de suspicion, intérêts divergents, règlements de compte avec des ex, et invités qui sont… invités à attendre, comme le spectateur le fait placidement, l’issue d’un scénario dont on se dit qu’heureusement ce type de turpitudes n’existent que chez les autres ; ce qui excuse bien des choses au cinéma.
Parce que le premier film de fiction d’Ali Borgini, Le Dernier week-end, est le fruit de sa collaboration avec Pôle Emploi, ce sont vingt-deux comédiens, qui sont passés dans les mailles d’un casting réalisé par Pôle Emploi où Danièle Dingreville, 53 ans, est conseillère au sein de l’agence Pôle emploi Alhambra à Paris et par le réalisateur.
Dès lors, ils ont participé à l’aventure avec le cinéaste en décrochant un rôle et donc …un contrat de travail. Voilà qui ne calmera certes pas la courbe descendante en triple plongée du chiffre de l’emploi, mais qui permet de dire qu’il y a des réalisateurs qui aiment s’engager et chacun sait dans ce métier que l’engagement est synonyme de risque financier. Alors, il faut féliciter Ali Borgini pour ce geste militant.
D’abord réalisé dans le cadre d’un atelier d’évaluation en milieu du travail (EMT), l’exercice mis en place par l’agence Pôle Emploi spectacle pour évaluer les compétences des comédiens demandeurs d’emploi a débouché sur le tournage d’un véritable long métrage.
L’intrigue s’inscrit dans le genre psychothérapeutique de groupe. Vous imaginez une tentative de refaire Festen au pays de Frédéric Dard. Cela pourrait même se teinter de Chabrol, Claude le cinéaste tout autant que Jean-Pierre l’écrivain cévenol, si le personnage central n’était pas si ignoble, si mesquin. On le méprise ce type et rien ne viendra racheter la haine tranquille de ce revanchard à la petite semaine. Bref, tout est-il dit ? En quête de rebondissement, vous auriez été certainement agréablement surpris si le réalisateur n’avait pas fait venir en fin de parcours le mystéreux personnage : ce monsieur X que tout le monde attend depuis la première heure sous les traits d’un jeune comédien dont on se demande ce qu’il fait là. J’ai oublié son nom ! Aussi animé qu’une colonne de Buren au milieu d’enfants qui s’ébattent en riant, cet antipode de comédien aura réussi à plomber le dénouement, Il retrouve sa mère – Natacha Inutine – qui n’a eu de cesse durant une heure de film de jouer la voyeuse depuis sa voiture garée à l’extérieur. C’est elle qui assure la partie road movie de ce long métrage.
Il y a cependant des choses à prendre dans ce film. La bonne prestation de Jean-Marie Mistral (le Martin des épisodes Navarro) et la bonne bouille de Brigitte Faure, actrice et chanteuse (Groupe Nagairs et La Diva à Sarcelles ) et par ailleurs productrice – que l’on retrouve ici en bourgeoise moderne.
Il manque tout bonnement une dimension, un liant, un ciment. Comment dire à Ali Borgini d’être plus exigeant ? Le réalisateur qui dirige cette poignée de comédiens auxquels nul n’a pourtant envie de jeter la première pierre a été trop conciliant avec le scénariste. Voilà bien la faiblesse que crée le cumul des fonctions !
Patrick DuCome
Ali Borgini a été comédien dans Sous la pluie de l’automne, le seul long métrage du prometteur Ahmed Khchin, censuré en 1969.
Le dernier week-end a permis à Ali Borgini d’être lauréat des Prix Henri-Langlois (lundi 1er février 2010) et a également été primé en 2010 au Festival de Vincennes.
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Le Dernier week-end
Film d’Ali Borgini
Avec Daniel Dublet, Hélène Arie et Jean-Marie Mistral
Sortie en salles le 12 octobre 2011
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