« Last Flag Flying » : Richard Linklater en 5 films
Depuis plus de 20 ans, Richard Linklater s’impose comme un réalisateur aussi prolifique qu’éclectique, réalisant pas loin d’un film par an à l’image de ce que fit longtemps Steven Soderbergh. À l’occasion de la sortie de Last Flag Flying, son dernier long-métrage, retour sur 5 films (ou plutôt 7…) qui ont marqué sa carrière.
Dirigeant ici trois acteurs avec lesquels il n’avait jamais tourné (Bryan Cranston, Laurence Fishburne et Steve Carell), Richard Linklater a pourtant dirigé pas mal de beau monde, de Julie Delpy à Patricia Arquette, de Jack Black à Ethan Hawke (qu’on peut considérer comme son acteur fétiche). La preuve en quelques passages obligés.
1) Dazed and confused (1993)
Matthew McConaughey, Ben Affleck, Adam Goldberg, Milla Jovovich, Parker Posey… C’est peu de dire que Richard Linklater a révélé une brochette d’acteurs et actrices (ainsi que Renee Zellweger, non créditée au générique) dans un film générationnel qui continue aujourd’hui encore d’être cité aux côtés de Breakfast Club ou La folle journée de Ferris Bueller parmi les oeuvres emblématiques sur l’adolescence ou le passage à l’âge adulte. Egalement connu sous le titre Génération rebelle (qui ne lui va pas très bien), Dazed and confused met en scène le dernier jour de classe des lycéens et lycéennes d’une petite ville texane, état américain dont Linklater est originaire… Des tas de films lui doivent une fière chandelle, comme The myth of the american sleepover ou encore SuperGrave.
2) Before sunrise (1995), Before sunset (2004), Before midnight (2013)
Leur rencontre dans un train, leurs retrouvailles parisiennes, leur escapade grecque en forme de bilan : on a pu suivre Céline et Jesse, interprétés par Julie Delpy et Ethan Hawke, au gré de trois longs-métrages aussi réalistes que séducteurs, radiographies régulières de l’évolution d’un couple. En temps réel ou presque, chacun des Before permet aux deux jeunes gens (de moins en moins jeunes) de se découvrir, de se faire des révélations et de tirer des bilans provisoires de leur existence. Difficile aujourd’hui de les considérer comme trois films séparés, même si à l’époque du premier volet personne n’imaginait que des suites verraient le jour. À signaler : le deuxième volet, Before sunset, a valu à Linklater, Delpy et Hawke l’Oscar du meilleur scénario original.
3) Rock academy (2003)
On a rarement senti autant d’amour de l’espèce humaine que dans les films de Richard Linklater. En témoigne ce Rock Academy chaleureux et plein d’espoir pour les générations futures. Une comédie multi-générationnelle dans laquelle un guitariste traîne-savate et fauché se fait passer pour son colocataire, instituteur remplaçant, au sein d’une école privée où il finira par préparer ses élèves à un concours de rock au lieu de leur apprendre la grammaire. Le charisme de Jack Black et l’émulation qui se produit avec ces enfants pleins de surprise finit par créer un spectacle jubilatoire mais pas dépourvu de mélancolie, qui montre que tout le monde a sa chance.
4) A scanner darkly (2006)
Alternant projets indés et films plus ambitieux, Richard Linklater évolue au carrefour des différentes facettes de son oeuvre avec cette adaptation d’un roman de Philip K. Dick (Substance mort), riche en substances hallucinogènes, et réalisée à l’aide d’une technique extrêmement rare. Tourné avec de vraies personnes (Keanu Reeves en tête), A scanner darkly a été redessiné et encré image par image, afin de faire ressembler le film à une sorte de roman graphique vivant, en partie traité à l’aquarelle. L’expérience la plus pénible de sa carrière, affirmera le réalisateur (qui s’entraîna à maîtriser cette technique avec Waking life), mais un résultat absolument unique, et pas seulement d’un point de vue technique.
5) Boyhood (2013)
D’autres cinéastes avaient nourri les mêmes ambitions mais peu les ont menées à bien : Boyhood, c’est un tournage étalé sur une douzaine d’années (de 2002 à 2013, en somme) afin d’observer interprètes et personnages vieillir en temps réel. Qu’un petit garçon se mue sous nos yeux en adolescent contrarié puis en jeune adulte paumé, le tout sans effet numérique, a quelque chose d’absolument renversant. Linklater en profite pour filmer longue désillusion que constitue le passage à l’âge adulte. Entouré de Patricia Arquette (Oscar du second rôle) et Ethan Hawke dans le rôle des parents du héros, Linklater a bien mérité son Ours d’argent du meilleur réalisateur à Berlin.
Lucile Bellan
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