Laisse-moi entrer – film de Matt Reeves
Owen est un jeune garçon solitaire martyrisé par les élèves de sa classe. Sa vie change cependant quand il fait la connaissance d’Abby, une mystérieuse voisine de son âge qu’il ne croise que la nuit dans la cour de leur lotissement. Pourtant quand une série de meurtres et de disparitions se produisent dans les environs, les raisons de la venue de la jeune fille se font de moins en moins floues et son statut de vampire de plus en plus clair.
En tant que remake d’une œuvre qui touche au sublime, Laisse-moi entrer ne fait clairement pas le poids. Très vite grossier, le métrage cherche sans arrêt à gommer les délicieuses zones d’ombres du film original pour n’afficher qu’un simple premier degré sans plus d’une lecture. Il laisse aussi de coté la poésie et la tragédie pour se concentrer sur le simple aspect fantastique de l’histoire à grand renfort d’effets spéciaux excessifs et de musiques d’ambiance factices. Et dans le casting tout d’abord, les choix sont vite contestables, entre acteurs ayant une ressemblance physique (Richard Jenkins et Per Ragnar) et comédiens qui, bien que faisant un travail honorable, ne font pas le poids (Chloé Moretz face à Lina Leandersson). Le reste, des décors aux dialogues en passant par le strict scénario oscille entre pâle copie et faute de goût.
En jugeant Laisse-moi entrer juste pour ce qu’il est, en oubliant totalement les raisons de son existence, le divertissement est-il valable ? A classer dans la catégorie « films fantastiques facilement vus, facilement oubliés », le métrage ne brille pas pour son originalité quant à la tension du harcèlement adolescent (oui, le méchant ado est très méchant et accompagné de deux side-kicks patibulaires) ni pour sa vision du vampirisme (grâce, ou à cause, d’un maquillage outrancier de la jeune comédienne et d’effets spéciaux douteux). On y notera cependant que Matt Reeves, le réalisateur de Cloverfield, y fait un travail honnête de mise en scène, sans chichis quitte à parfois manquer de style.
Pathétique quel que ce soit le bout par lequel on le prend, Laisse-moi entrer est un film pop-corn risible qui pose la question du réel intérêt de remaker moins de deux ans après sa sortie un métrage reconnu comme définitif. Nos amis américains auraient-ils du mal avec le suédois ? En tout cas, vu le résultat de cet essai, il ne pourra plus être considéré comme du snobisme de se pencher sur un original de moins en moins obscur (Morse a bénéficié en France d’une sortie en salles et d’une sortie en DVD) et de fuir ces vulgarisations prétendument grand public.
Lucille Bellan
{dmotion}xeq7cr{/dmotion}
Laisse-moi entrer
De Matt Reeves
Avec Chloe Moretz, Cody Smit-McPhee et Richard Jenkins
Sortie le 6 octobre 2010
Articles liés
“Riding on a cloud” un récit émouvant à La Commune
A dix-sept ans, Yasser, le frère de Rabih Mroué, subit une blessure qui le contraint à réapprendre à parler. C’est lui qui nous fait face sur scène. Ce questionnement de la représentation et des limites entre fiction et documentaire...
“Des maquereaux pour la sirène” au théâtre La Croisée des Chemins
Victor l’a quittée. Ils vivaient une histoire d’amour fusionnelle depuis deux ans. Ce n’était pas toujours très beau, c’était parfois violent, mais elle était sûre d’une chose, il ne la quitterait jamais. Elle transformait chaque nouvelle marque qu’il infligeait...
La Croisée des Chemins dévoile le spectacle musical “Et les femmes poètes ?”
Raconter la vie d’une femme dans sa poésie propre, de l’enfance à l’âge adulte. En découvrir la trame, en dérouler le fil. Les mains féminines ont beaucoup tissé, brodé, cousu mais elles ont aussi écrit ! Alors, place à leurs...