“La Tresse” : le destin croisé de trois femmes courageuses

Laetitia Colombani, actrice, réalisatrice, scénariste et écrivaine française écrit le roman “La Tresse” en 2017. Cette fiction dépeint le récit de trois femmes en quête d’émancipation. La romancière réalise une adaptation cinématographique de cette intrigue sortie en salle le 29 novembre 2023.

Le caractère héroïque des 3 femmes : des personnages liés par leurs bravoures

La première scène se déroule en Inde. Le personnage principal de cette séquence est Smita. Femme courageuse et forte, elle souhaite s’émanciper. Elle fait partie de la caste des Intouchables et vit en Inde au sein d’un quartier très pauvre avec son mari et sa jeune fille de 9 ans, Lalita. Smita craint le destin de sa fille, en tant qu’Intouchable. En effet, elle souhaite l’inscrire à l’école mais les enfants de cette caste ne sont pas autorisés à s’y rendre. Smita veut prendre en main son destin en réalisant ses rêves et ceux de sa fille. Vivant dans un village très pauvre, elle souhaite ardemment fuir ce lieu qui ne l’épanouit pas. Son mari ne voulant pas la suivre dans sa quête, elle décide de partir sans son accord avec sa fille du village de Badlapur. Le but ultime de Smita est de parcourir un périple religieux afin d’accéder au célèbre temple Tirupati Balaji, c’est un lieu de pèlerinage où les Indiens offrent leurs cheveux pour recevoir l’aide des dieux.

La seconde intrigue se situe en Italie à Palerme, en Sicile. Guilia, 20 ans est une jeune femme élégante et pleine de bravoure. Elle a arrêté ses études malgré un goût prononcé pour la littérature. Elle travaille avec son père dans leur usine de fabrication de perruques. Hélas, l’entreprise est au bord de la faillite et Giulia doit trouver des solutions pour faire face à ce problème qui l’affecte personnellement. À la suite d’un accident routier, son père plonge dans un coma profond de plusieurs mois puis succombe. Giulia, étant très attachée à son père doit s’adapter à cette situation plus que difficile. Elle est bouleversée par la perte de son père et par la banqueroute de l’usine. Cette jeune femme reste courageuse malgré les épreuves et décide de prendre la succession de son paternel pour que l’usine continue à se développer.

Le troisième récit se situe au Canada où Sarah, avocate de 40 ans, mène avec brio sa carrière professionnelle et sa vie privée. Sarah est soumise à la pression sociale, vivant dans un monde d’apparence où la réussite est survalorisée. Ayant deux jumeaux et une jeune fille adolescente, elle doit veiller à l’éducation de ses enfants. Un homme de son entourage s’occupe de ses enfants lorsqu’elle travaille. Ayant subi une séparation avec son ex-mari qui semble détaché de l’avenir de ses enfants, elle subit une charge mentale supplémentaire. On constate que Sarah a donc beaucoup de responsabilités. Son responsable hiérarchique lui propose de reprendre le cabinet d’avocat lorsque celui-ci sera en retraite. Sarah accepte cette proposition. Hélas, elle tombe malade par la suite. Elle décide de cacher à ses proches ainsi qu’à son patron son cancer du sein. Sa vie bascule, et elle doit suivre une chimiothérapie. Afin de s’adapter à cette situation compliquée, elle décide d’investir dans une perruque après sa chimiothérapie.

Kamal et Guilia © Ronald Plante

La Tresse : un film qui illustre les 4 coins du monde

Comme vu précédemment, le portrait des 3 femmes diffère culturellement. Elles sont issues de divers pays : l’Inde, l’Italie et le Canada.

La famille de Smita est issue d’une classe sociale très défavorisée et rejetée : la caste des Intouchables. Ils sont des millions en Inde et sont pourtant mis à l’écart, considérés comme impurs. Leurs droits humains sont bafoués. Nagarajan, son mari est chasseur de rats. Smita est “scavenger”. Autrement dit, elle ramasse les excréments des villageois à mains nues. Les métiers des Intouchables sont épuisants et toxiques pour la santé. Constamment en contact avec la terre et la boue, les femmes du village développent des infections pulmonaires. Du célèbre Gange d’Inde au temple Tirupati Balaji, des lieux emblématiques d’Inde sont illustrés dans La Tresse.

Concernant l’intrigue de Giulia, on ressent la douceur de vivre de l’Italie, au bord de la mer. Le cadre est paradisiaque. La Tresse illustre Palerme comme un village ancré dans ses traditions. Tous les habitants se connaissent et vont à l’église le dimanche. Toutes les femmes qui travaillent dans l’usine de perruque se connaissent également depuis de nombreuses années et sont soudées. La sœur de Giulia et la mère sont aussi impliquées dans cette entreprise familiale. Elles vivent de la cascatura : costume sicilien qui consiste à garder les cheveux coupés pour en faire des postiches ou des perruques. Lors de cette affaire, un jeune sikh est aussi impliqué : Kamal. Cet immigré indien vivant en Italie accompagne Giulia dans toutes ses épreuves. Il lui donne une formidable solution : faire venir des perruques d’Inde. Bien que Kamal ne soit pas accepté par la famille en raison de ses origines, Giulia tombe amoureuse et se montre particulièrement ouverte à une autre origine que la sienne.

Pour l’intrigue qui se situe au Canada, on constate que la famille de Sarah est issue d’une classe sociale très aisée. Cependant, on ressent beaucoup de tensions et de pressions concernant la réussite sociale dans cette séquence. Les scènes sont plutôt froides (couleurs froides). En effet, la fille de Sarah, jeune lycéenne est déjà soumise au stress. Les oraux lui provoquent des vomissements et de l’anxiété. On constate que la vie est mouvementée et stressante. Cependant, les deux femmes du récit sont montrées comme déterminée et persévérante. La jeune fille finit par réussir son oral grâce à un récit sur les Amazones (femmes dépeintes comme des guerrières). Sarah s’adapte à sa maladie et décide d’acheter une perruque provenant d’Inde.

Aurélie Celdran