La Tendresse – comédie dramatique de Marion Hänsel
Moniteur de ski, Jack fait une mauvaise chute. Rien de grave mais l’intervention chirurgicale s’impose et ses parents, divorcés depuis 15 ans, comme une seule personne, prennent la route depuis la Belgique pour être à ses côtés. Le jeune garçon, amoureux, ne les attend pas vraiment mais leur présence le rend heureux. Le vieux couple va rapatrier le jeune homme dans l’impossibilité de conduire. Quelles incidences cet aller-retour express va-t-il avoir sur cette famille reconstituée pour la circonstance ?
Le film s’ouvre sur un plan aérien d’une étendue neigeuse et du sillon qu’y laissent deux skieurs. Une image immaculée de toute aspérité, de tout conflit. Ni course ni compétition dans ces deux silhouettes, juste le bonheur de la glisse, de l’espace. Ce plan d’une étourdissante beauté résume à lui seul toute l’intention de la cinéaste Marion Hansel qui livre un film profondément positif où aucun crescendo dramaturgique ne viendra parasiter le simple quotidien de ses protagonistes. Pas plus la nature de l’accident du fils (lequel n’est bien sûr pas montré) que sa gravité (sommes toutes bénigne) ne seront scénaristiquement emphatisés. Il en sera de même avec tous les éléments du propos (le divorce des parents en particulier).
La cinéaste et scénariste va en effet dénouer tous les nœuds dramatiques avant même de les avoir ébauchés. Point de tension, de conflits, de questionnements. Tout ce qu’on déconseille aux apprentis scénaristes, en quelque sorte. Pari gonflé mais parfaitement assumé et remporté. Car en lieu et place de ces coups de théâtre, ces fameux rebondissements sans lesquels, semble-t-il, il n’est point de cinéma possible, Hansel distille sporadiquement quelques infos sur ses personnages, leur fait vivre un quotidien entièrement placé sous le signe de cette fameuse tendresse du titre. Ces gens-là s’aiment, s’estiment et même s’ils sont parfois emmerdants aux yeux des autres, il ne s’agira juste que d’un constat, jamais d’une amorce de représailles ou de lutte. Leur quotidien se façonne aussi de rencontres, d’aléas de l’existence. La scénariste va les accrocher à son propos avec jubilation, avec un petit grain de folie conférant à l’ensemble de son film son charme et sa légèreté (le client sourd, la séquence dans les WC, le fauteuil gonflable, l’auto-stoppeur).
Déjouant les codes du road movie (même si on passe pas mal de temps dans l’espace confiné de deux voitures) mais aussi et surtout de la comédie romantique (genre dans lequel le film aurait facilement pu sombrer) et en distordant le réel avec le strict nécessaire de folie, la cinéaste, magnifiquement soutenue par ses deux comédiens principaux (Olivier Gourmet dans un rôle de gentil bougon est diablement attendrissant et Marilyne Canto toujours impeccable en mère gentiment frappée), offre une des très belles surprises de cette rentrée. Une de ces petites musiques qui résonnent dans nos mémoires longtemps après la fin du générique.
Franck Bortelle
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La Tendresse
De Marion Hänsel
Avec Olivier Gourmet, Marilyne Canto et Adrien Jolivet
Durée : 80 min.
A découvrir sur Artistik Rezo :
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