La Proie – Albert Dupontel
On savait Albert Dupontel à l’aise dans tous les registres : comique (Le Vilain, Enfermés dehors), dramatique (Fauteuils d’orchestre, Deux jours à tuer, La Maladie de Sachs) historique (L’Ennemi intime), romantique (Odette Toulmonde)…
L’acteur revient ici à ses premiers atouts : l’obscurité, le film noir. Depuis ses premiers pas sur scène et ses premiers one-man-show, l’acteur explore en effet le côté sombre de son personnage, à son apogée dans Irréversible et Le Convoyeur. Afin de s’investir totalement dans le film, l’acteur a tenu à réaliser lui-même ses propres cascades, ce qui n’est pas allé sans dommages : double entorse et épuisement physique.
Ici il est le nerveux Franck Adrien, taulard contraint de s’évader pour sauver ceux qu’ils aiment, et le butin de son braquage. En mouvement la plupart du temps, il devient une bête furieuse marchant à l’instinct. Face à ce concentré d’énergie et de sensibilité, les autres acteurs tirent habilement leur épingle du jeu en maintenant la barre très haute. Alice Taglioni trouve ici un rôle à sa mesure, Claire, une jeune commissaire de police, intuitive et énergique, bien loin de ses rôles convenus habituels (La Doublure). Stéphane Debac (vu dans Phénomènes) glace le sang en serial killer dérangeant de douceur. Une excellente interprétation tout en nuance, plus vraie que nature.
Mais c’est sans doute dans une réalisation sans concession qu’on trouve la plus belle surprise : articulé en trois parties (en prison, en fuite, puis la mise en place du piège final), le déroulé de l’intrigue ne ménage aucun temps mort au spectateur. Le cahier des charges est parfaitement rempli : course-poursuite en train, voiture, prise d’otage, souricières… La violence est crue, réelle, ressentie. Eric Valette va à l’essentiel, filme au cordeau la douleur et l’instinct de survie, sans effets inutiles. Il renouvelle la prouesse de Maléfique, parvenant à sublimer un film de genre grâce à une direction d’acteurs sans faille. Parallèlement, le réalisateur, servi par une association de scénaristes talentueux (Luc Bossi et Laurent Turner) joue sur la notion de proie (qui traque? Qui est traqué ?) mais également de degré de criminalité : le « simple braqueur » devient héros face à un serial killer froid comme un serpent.
Le film parvient au statut de divertissement de haute volée, se payant le luxe d’une complexité psychologique agréable. L’ensemble de l’équipe technique et artistique ayant compris que « less is more », le résultat est brillant, simple et direct comme un coup de poing.
Mathilde de Beaune
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