La Nana (la bonne) de Sebastiàn Silva
Le film de Sebastiàn Silva a reçu le Grand Prix du Jury, celui de Meilleur film Etranger, le Prix Spécial du Jury et celui de Meilleure Actrice pour Catalina Saavedra au festival de Sundance cette année. Le sujet abordé par ce film est un thème peu utilisé dans le cinéma français voire européen. Les cultures occidentales sophistiquées comme les nôtres n’ont plus l’habitude de ces personnages de domestiques. La bonne n’existe plus, du moins telle qu’elle est présentée dans le film de Silva. Il faut quelques minutes pour rentrer dans le film, pour s’accommoder du personnage de Raquel interprété par Catalina Saavedra. Mais une fois pris dans le film, le spectateur reste scotché devant l’éblouissante interprétation de Catalina Saavedra qui est parfois si inquiétante qu’elle pénètre au plus profond du public le faisant frissonner et souvent s’extasier devant une marâtre au coeur plus tendre qu’en apparence. Le réalisateur chilien Sebastiàn Silva qui signe le scénario de son film a choisi de le réaliser au format DV, ce qui lui a permis une grande liberté lors des prises de vue. La Nana est un film ultra réaliste, grâce aux possibilités de traitement de l’image qu’offre le DV, ainsi que l’étonnante maniabilité de la caméra, les mouvements de caméra sont effectivement fluides et permettent une véritable avancée vers un cinéma plus concret. Sebastiàn Silva est un vériste, son film est extrêmement littéraire et musical, il n’y a pourtant aucune musique durant tout le film; en effet La Nana de Silva est un véritable opéra qui prend ses traits d’une manière totalement chimérique.
Tout dans ce film est pensé et réfléchi, le travail du jeune réalisateur est stupéfiant. Le scénario est écrit au millimètre, chaque réplique est proche de la perfection. Sebastiàn Silva souhaitait obtenir du réalisme et c’est le cas, le réalisateur décrit parfaitement les relations de travail entre la nana et la famille, mais aussi l’attachement qu’éprouve Raquel pour les enfants. Lui-même a été choyé par une nana dans sa jeunesse, il a l’expérience de ses situations et il sait l’utiliser. Le film peint une société matriarcale puissante, tout le pouvoir appartient à la femme. Le mari est relégué au rang d’enfant n’ayant pas véritablement son mot à dire sur les problèmes de la maison. La grand-mère joue le rôle du sage de la famille, la mère quant à elle est la chef de cette petite entreprise et enfin la petite-fille est l’enfant trop gâtée qui ne mesure pas totalement ses agissements. Aux amoureux de la culture latine le film plaira sans aucun doute, et pour tous les autres le film demeurera quelques temps dans un petit coin de leur mémoire.
La Nana est un film plein de réalisme. Le travail du réalisateur est époustouflant, le film est vivant, excitant et déstabilisant. Enfin si il devait une seule raison de voir ce film ce serait Catalina Saavedra.
François SLAMA
La Nana (la bonne)
de Sebastiàn Silva
avec Catalina Saavedra, Claudia Celedon, Alejandro Goic…
Sortie le 14 Octobre 2009
Durée 1h35
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