“La Conspiration du Caire” : le nouveau thriller haletant de Tarik Saleh
Après l’excellent Le Caire confidentiel en 2017, Tarik Saleh signe un nouveau film critique sur la situation politique de son pays d’origine, l’Égypte. Dans La Conspiration du Caire, sorti le 26 octobre dernier, il ajoute une dimension religieuse et s’est vu récompensé du prix du scénario au Festival de Cannes 2022.
Pour mettre en scène la situation conflictuelle de l’Égypte, le réalisateur suédois déclare avoir puisé son inspiration dans le célèbre roman d’Umberto Eco, Le Nom de la rose. Sorti en salle le 26 octobre, le film dont le titre original est Garçon venant du Paradis, prend la forme d’une enquête policière. Une nouvelle fois, Tarik Saleh pose un regard critique et engagé sur les politiques ; on ne s’étonne plus qu’il ait d’abord été journaliste.
Le synopsis : Adam, simple fils de pêcheur, intègre la prestigieuse université Al-Azhar du Caire, épicentre du pouvoir de l’Islam sunnite. Le jour de la rentrée, le Grand Imam à la tête de l’institution meurt soudainement. Adam se retrouve alors, à son insu, au cœur d’une lutte de pouvoir implacable entre les élites religieuse et politique du pays.
Le Grand Imam est mort, il faut donc le remplacer. C’est à cette occasion que les élites politiques interviennent dans la sphère religieuse et s’immiscent au sein de l’université Al-Azhar pour faire élire le nouveau cheik suprême. Voilà comment l’intrigue est posée. À la croisée des genres – entre complots, espionnage et investigation – La Conspiration du Caire présente de nombreuses forces dans sa réalisation. Le polar respecte ses promesses et tient le spectateur en haleine jusqu’à la fin, grâce aux multiples rebondissements qui le rythment. Cela passe également par l’attachement que nous développons pour Adam et son innocence, qui se retrouvent tout deux menacés par les élites politiques.
Très charismatique, Fares Fares (Ibrahim) collabore une nouvelle fois avec Tarik Saleh dans La Conspiration du Caire. Son visage atypique et son personnage complexe apportent beaucoup de caractère au film. Quant au timide héros (Adam), il est parfaitement interprété par Tawfeek Barhom, dans un jeu tout en retenue et d’une justesse convaincante. Le film met à l’image pléthore d’interprétations idéologiques de l’islam sunnite, plus ou moins modérées, grâce au travail porté sur les protagonistes. Cependant, on peut regretter que certaines n’aient pas été suffisamment développées.
Le thriller offre également une somptueuse photographie et une mise en scène pleine d’humilité. Cela n’empêche pas certains plans d’être impressionnants de par le grand nombre de figurants qui y apparaissent. À cela s’ajoute une sublime scène de récitation, très épurée. Elle suspend le temps quelques minutes et elle vaut d’être vue, ou plus justement, d’être écoutée. Nul besoin d’artifice quand la réalisation met en lumière un travail scénaristique de qualité, ce que Tarik Saleh a très bien compris.
Pour l’anecdote, le film a été tourné en Turquie et non en Égypte car le réalisateur craignait d’être arrêté suite aux difficultés rencontrées pour le tournage de son précèdent long métrage dans le pays, Le Caire confidentiel.
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