Le premier qui l’a dit – Ferzan Ozpetek
Ferzan Ozpetek aime les réunions familiales et entre amis. Après Tableau de famille (2002) et Saturno Contro (2007), il n’est pas étonnant de le voir planter sa caméra à Lecce, petit village italien situé dans les Pouilles pour une réunion de famille qui va tourner au drame après le coming-out du fils aîné Antonino. Seul souci, le frère cadet Tommaso, qui s’était éloigné de sa famille, l’est aussi et comptait bien le dévoiler lors du même dîner…
Les mines errantes
Nul doute, Le premier qui l’a dit est bien une comédie italienne. Comme souvent dans ce cinéma, il suffit d’une simple révélation pour que tout s’effondre et que l’honneur et la patrie d’une famille soient remis en jeux. La nouvelle sortie en salles cette année de Séduite et abandonnée (1964) de Pietro Germi tombe à pic tant le rapprochement est saisissant : patriarche macho et autoritaire, mère délaissée et bourgeoise, petit village italien où les rumeurs vont bon train et réunion familiale étouffante se font ici écho. Comme le titre original l’affirme, ces Mines errantes (Mine vaganti) sont ces petits secrets que chacun garde pour soi et qui sont prêtes à exploser à chaque moment. François Ozon en avait déjà livré une sublime représentation ironique avec son premier film Sitcom. De façon moins grave, plus abordable et grand public, Ozpetek opte pour une comédie légère et agréable à regarder un soir d’été.
Entre caricature et sincérité
Il y a donc avant tout une photo de famille. La grand-mère et ses souvenirs, le père avec sa maîtresse, la mama italienne bourgeoise et la tante nymphomane maniaco-dépressive. Puis les deux fils qui n’ont jamais vraiment parlé ensemble ni avoué leur homosexualité… Ozpetek en rajoute malheureusement des tonnes avec l’utilisation d’une musique bateau et trop appuyée (mandoline et xylophone pour les gags, légères notes de piano pour les romances) tout en réussissant à décrocher chez le spectateur quelques sourires et de l’émotion. A l’image d’une belle séquence finale sincère et optimiste.
Le reste est parfois caricatural (l’arrivée des amis homosexuels de Tommaso, la crise cardiaque du père et ses lamentations, les leçons de morale entre frères, etc…) bien qu’elles arrivent à point nommé et sans provoquer de longueurs. Scamarcio abandonne enfin ses rôles de révolutionnaires et de jeune garçon rebelle pour créer un personnage calme et posé, préférant la fatalité à l’action héroïque. On essayera de se souvenir enfin de l’actrice Nicole Grimaudo, magnifique Italienne déjà vu récemment dans le Baaria de Giuseppe Tornatore.
Parfois facile et prévisible, Le premier qui l’a dit reste un film d’été agréable à partager entre ami(es) et à visionner en toute tranquillité. Un film gay-friendly à l’italienne qui, sans en faire des tonnes, se laisse regarder. Sans plus.
Edouard Brane
Le premier qui l’a dit
Réalisé par Ferzan Ozpetek
Avec Riccardo Scamarcio, Nicole Grimaudo, Alessandro Preziosi.
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Sortie le 21 juillet 2010
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