M. Night Shyamalan : le cinéaste mal-aimé
Contes de l’au-delà : le cinéma de M. Night Shyamalan Sous la direction de Hugues Derolez Éditions Vendémiaire 152 pages 20 € Paru le 19 février 2015 |
Idolâtré après Sixième sens et Incassable, puis vilipendé à cause de La Jeune fille de l’eau et Phénomènes : en dix films, M. Night Shyamalan est passé par tous les états et tous les sentiments. Le livre dirigé par Hugues Derolez entend réhabiliter ce cinéaste mal-aimé, dont la filmographie cohérente porte en elle des thématiques sans cesse approfondies…
26 mars 2000 : M. Night Shyamalan est présent aux Oscars, nommé au meilleur film et au meilleur réalisateur (entre autres) pour Sixième sens. Il sera finalement vaincu par la tornade American beauty, mais l’essentiel est là. Quinze ans plus tard, Shyamalan peine à trouver les financements pour les films qu’il souhaiterait réellement réaliser, boudé par les studios tant il s’obstine à vouloir tracer son propre sillon, loin d’avoir envie de multiplier les films dits “à twist”…
Ce que Shyamalan veut, c’est bousculer le spectateur, le mettre dans une position contrastée entre plaisir et incofort, lui demander de se remettre en question en tant qu’être humain et en tant que consommateur de films. À travers quelques thématiques fortes qui imprègnent son cinéma depuis toujours (le deuil, la famille, l’angoisse), ce livre dirigé par Hugues Derolez s’attache à montrer que M. Night Shyamalan est loin d’être fini et que le déferlement de critiques négatives à son encontre ne témoigne que d’un manque de mesure et de discernement. Sans tomber dans le syndrome du livre de fan, transi et dépourvu d’esprit critique, Contes de l’au-delà donne envie de voir tous les films de Shyamalan… ou en tout cas de les revoir différemment. L’univers touchant et parfois tragique du cinéaste semble avoir ici une autre saveur. Sept parties, sept auteurs : le livre témoigne d’une passion commune et d’une tristesse conjointe devant le torrent de haine dont le metteur en scène fait désormais l’objet, lui qui n’arrive plus à rassembler sur son seul nom. En 152 pages, la messe est dite : il faut réhabiliter Shyamalan, se réapproprier son œuvre et attendre de pied ferme de prochaines réalisations qui se tiendront loin d’Incassable en termes de budget mais ne manqueront pas d’éclairer à nouveau sur les obsessions du cinéaste. Lucile Bellan
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