Killing Bono – film de Nick Hamm
Vous connaissez le groupe Shook up ? Non ? Inutile de rouler des yeux exorbités, de frémir en feuilletant fébrilement les podcast nocturnes d’obscures stations de radios pour afficionados du rock frénétique : on vous le dit, c’est normal. Shook Up, c’est le groupe des wannabe idéaux, des loosers ultimes, des ratés célestes, ceux qui auraient du être calife à la place DU calife : Bono. Tout commence en 1976, quand Paul David Hewson, le futur Bono, fonde le groupe qui deviendra le cultissime U2. En marge, les frères Mc Cormick : Neil, l’aîné, orgueilleux, vantard, un cacou qui ne veut y arriver que par lui-même, et le cadet, Ivan, guitariste-né, à qui son aîné dissimule la proposition de Bono d’intégrer le groupe bientôt star. De ce quiproquo, de l’entêtement de Neil Mc Cormick, adviendra la faillite Shook up, longue errance des deux frères, de labels minables en concerts miteux, alors que U2 enchaîne les voyages et albums prestigieux.
On sent bien que le film est romancé, mais Nick Hamm (qui le reconnaît volontiers) est un merveilleux conteur, parvenant à ajouter un zeste de film de gangster à un rock biopic. Les deux beaux brins de jeunesse interprétant les frères Mc Cormick, Ben Barnes et Robert Sheehan, ont déjà été vus respectivement dans Le Monde de Narnia : le prince Caspian et Le Dernier des Templiers. Des quasi-inconnus donc, pour mieux interpréter le rôle de ceux qui restèrent des anonymes malgré eux. Quant à Martin Mc Cann (vu dans « Le Choc des titans ») il interprète un Bono très satisfaisant. Et que dire du plaisir de retrouver une fois de plus Pete Postlewaithe, dont la dégaine inénarrable traverse Usual Suspects, une fois de plus dans un rôle à contre-courant.
L’ambiance fin seventies-début eighties est extrêmement bien rendue, dans ce Londres poisseux, peu clément à nos deux héros. Combinards, petits truands sans envergure, un brin mythomanes, les frères nous semblent plus vrais que nature, et pour cause, le film est adapté des mémoires de Neil Mc Cormick I was Bono’s Doppelganger (littéralement « J’étais dans le double de Bono »). Malgré son aspect « brodé » le film jouit de solides appuis : au scénario, Dick Clement, Ian la Fresnais, et Simon Maxwell, en conseiller musicaux, le producteur Ian Flooks et le musicien Joe Echo, tous gravitant plus ou moins dans la galaxie U2.
Et puis finalement, les légendes deviennent réalité : Neil Mc Cormick grâce à ce film aura son heure de gloire, et depuis, est même devenu l’hagiographe officiel du groupe… Comme quoi…
A voir donc, pour le mélange de mythes et de réalités, si prégnants dans le monde musical. Pour la virtuosité du réalisateur qui produit tout un film sur le seul constat de l’échec. Et tout naturellement, si vous êtes fan de U2, de Bono, de Grande-Bretagne ou tout simplement de rock.
Mathilde de Beaune
[embedyt] https://www.youtube.com/watch?v=D1pgVuuLl7Y[/embedyt]
Killing Bono
De Nick Hamm
Avec Ben Barnes, Robert Sheehan, Martin Mc Cann, Pete Postlewaithe
Sortie le 3 août 2011
[Visuel du bas, Ben Barnes, Pete Postlewaithe, Robert Sheehan. Crédit : Pyramide]
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