Juste entre nous – film de Rajko Grlić
Rajko Grlić est connu pour s’intéresser depuis plus de trente ans à deux thèmes spécifiques : la quête de l’amour sous toutes ses formes (In the jaws of life, Three for happiness, on aime qu’une seule fois) et la guerre dans son aspect burlesque (That summer of white roses, The border post). Dans Juste entre nous, il s’intéresse à la duperie amoureuse, et on serait tenté d’y voir presque un film de guerre, mais du côté des embusqués. Pour gratter un petit peu de bonheur, d’amour, de tendresse, les personnages multiplient les contorsions simiesques, tandis qu’une immense pitié nous envahit pour ce qui nous constitue : l’humaine tentation de l’absolu.
Nikola est marié à Anamarija, qu’il trompe avec Latica, dont Jura est amoureux. Son frère Braco s’est séparé à regret de Marta, ancienne maîtresse de Nikola, mais a auparavant fréquenté Anamarija. La plus grande confusion règne autour de la filiation de leurs enfants, bien entendu. Chacun découvre, surprend, menace, dévoile, tente de faire bonne figure avec les révélations qu’il reçoit en pleine figure. Le spectateur s’y retrouve sans trop de mal mais serait tenté de regarder avec goguenardise ces atermoiements en les ponctuant de la phrase finale : « Et alors ? ».
Ce n’est pas tant qu’on ne se sent pas proche des personnages, souvent magnifiquement interprétés (avec une mention spéciale pour Miki Manojlovć dans le rôle de Nikola, et Nataša Dorcic, bouleversante Latica) mais le navire prend insensiblement l’eau au fil de situations plus rocambolesques les unes que les autres. Dès le début, la scène du don de sperme, digne d’un American Pie moyen, donne le ton : le réalisateur a choisi son camp, et tirera à boulets rouges sur la notion-même de romantisme. La société est un champ de bataille, les amants s’affrontent, la trahison est la règle. Chacun choisit ses armes en fonction de la victoire qu’il désire remporter, amère ou fugace, en tout cas jamais complète. Vous voilà prévenus.
Mathilde de Beaune
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Juste entre nous
Un film de Rajko Grlić
Avec Miki Manojlovic, Bojan Navojec, Ksenija Marinkovic
Sortie le 10 mai 2011
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