Julie (en 12 chapitres) : un survol de la génération Z
Coup de projecteur sur Julie (en 12 chapitres), le nouveau film du réalisateur norvégien Joachim Trier avec Renate Reinsve, lauréate du prix d’interprétation au Festival de Cannes. Le film transpose à l’écran les problématiques des jeunes du XXIe siècle : amour, instabilité, quête d’identité…
Vous êtes en soirée et vous rencontrez quelqu’un avec qui vous entamez la conversation. Juste après avoir fait connaissance, la terrible question arrive : “Bon et toi, tu fais quoi dans la vie ?”
Dès les premières minutes du film, Joachim Trier nous présente Julie via une voix off. Julie est une jeune femme de 30 ans qui a commencé une licence de médecine qu’elle a arrêtée en cours de route, puis a étudié la psychologie, avant de devenir libraire et enfin photographe. Julie souhaite aussi explorer sa sexualité et ne pas se perdre dans une relation amoureuse… jusqu’à ce qu’Aksel, un homme de dix ans de plus qu’elle, apparaisse dans sa vie. Ils tombent amoureux et débutent alors une relation.
Celle-ci est assez inattendue et on devine rapidement qu’elle n’est pas en adéquation avec la personnalité de la protagoniste telle qu’on nous l’avait présentée auparavant. Cela devient évident lors du week-end à la campagne avec les amis d’Aksel. Ces derniers sont en couple, ont des enfants, se disputent, ont arrêté de s’aimer comme au début, sont plus âgés qu’elle… Les commentaires grossiers et conservateurs se multiplient à table et Julie est la seule à apporter un point de vue progressiste, propre à sa génération.
En tant que spectateur, il est difficile d’adhérer à la relation entre Aksel et Julie. En effet, du jour au lendemain Julie n’a plus cette envie de tout explorer et commence une relation exclusive avec un homme de quarante ans.
C’est ainsi que nous vivons notre vie, nous jeunes de la génération Z : en consommant des films romantiques à longueur de journée, qui nous poussent à trouver notre place dans le monde et à accomplir nos rêves, en nous laissant croire que tout est possible. Et c’est ainsi que nous nous retrouvons dans les mêmes situations que Julie. Nous abandonnons le modèle de nos parents, où la vie n’était qu’une ligne droite de laquelle il ne fallait pas s’écarter, pour suivre un chemin plus désordonné : commencer des projets, les arrêter après avoir trouvé mieux ou après s’être rendu compte que cette voie n’était pas la bonne. Julie (en 12 chapitres) met en lumière les bons et les mauvais côtés de ce mode de vie.
Aksel est artiste, il dessine des BD. Julie, elle aussi veut être artiste, mais reste en retrait et soutient son petit ami dans son projet. Lors d’une soirée où celui-ci présente son nouveau travail, Julie prend conscience de sa situation : elle est en couple avec Aksel depuis longtemps, un homme aux idées démodées et qui adore parler de son travail. Elle en a oublié ses propres ambitions et toutes les personnes qu’elle rencontre la connaissent comme “la copine d’Aksel”. Julie a perdu sa liberté. Elle décide alors de s’enfuir de la soirée et s’incruste dans un mariage où elle rencontre Eivind. Dès la première soirée, tous les deux voient en l’autre une issue à leurs problèmes respectifs et tombent amoureux.
“Je t’aime… mais je ne t’aime pas.” La phrase que Julie prononce pour rompre avec Aksel est très représentative de la façon dont la génération Z vit l’amour. Notre société de consommation et capitaliste s’immisce jusque dans notre façon d’appréhender et de comprendre les relations. Aujourd’hui, les relations amoureuses s’opèrent seulement après s’être assuré que l’autre détient toutes les qualités attendues, comme s’il s’agissait de chercher le meilleur produit dans un supermarché.
Julie trouve en Eivind tout ce qui manquait à Aksel : jeune, écoresponsable, déconstruit, féministe… Mais avec qui elle ne se sent pas libre de s’exprimer. Aksel voulait une famille et des enfants avec Julie, alors qu’Eivind ne veut pas de bébé, pour ne pas apporter plus de malheur à la planète que nous détruisons avec nos habitudes de consommation. À la fin du film, Julie se rend compte – en même temps que nous – qu’il est impossible de trouver une personne exactement comme nous l’avions imaginée car l’amour a ses raisons que la raison ignore.
En définitive, Julie (en 12 chapitres) est le film à voir pour mieux comprendre la génération Z. De plus, les techniques cinématographiques de Joachim Trier ajoutent une beauté profonde au film. Nous ne pouvons pas rester indifférents par exemple, à la scène où Julie met en pause le monde pour aller voir Eivind et passer la journée avec lui, ce dont elle avait besoin pour comprendre qu’elle devait finir sa relation avec Aksel et repartir à zéro.
Pilar Parodi Félix
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