Jean-Paul Gaultier et le cinéma
La mode et le cinéma ont toujours été liés, mais pour le créateur Jean-Paul Gaultier, le cinéma est devenu une muse avec qui il collabore depuis ses débuts.
Jean-Paul Gaultier est l’un des couturiers français les plus fascinants. En effet, l’enfant terrible de la mode a su se démarquer par son inventivité, son style avant-gardiste, excentrique et scandaleux et surtout sa diversité artistique. Sa notoriété se base également sur son goût du détail et son audacieuse inventivité artistique. Sa carrière montre un attachement important à la culture du spectacle à qui il rend hommage à travers son œuvre. Également grand cinéphile, sa vie et sa création démontrent une passion particulière au septième art qui fait partie intégrante de sa vie et de sa mode.
Falbalas, le film à l’origine de sa carrière
Le créateur en parle régulièrement, et cela depuis le commencement. Le cinéma est une muse dans sa vie et dans sa création. C’est même le septième art qui lui a permis de trouver sa voie dans la mode. Un jour, il découvre le film Falbalas de Jacques Becker de 1945, racontant l’histoire d’un grand créateur de mode tombant fou amoureux de Micheline sa nouvelle muse, mais également fiancée de son ami. C’est une révélation pour le jeune Gaultier, il deviendra créateur de mode quand il sera grand.
Ce film fut à l’origine de sa passion pour la mode et il lui rend hommage à travers tous ses choix de vie. Il fait défiler des looks inspirés de ceux du film, il reprend des extraits de ce film pour ses collections, ou dans les expositions en son honneur. Très attaché à ce film et à l’icône de mode qu’a été Micheline dans ce film, il décide, lors de la création de sa revue Fashion Freak Show aux Folies Bergère qui retrace sa vie et son travail, de mettre à l’honneur Falbalas qui a marqué sa vie de manière toute particulière. Il choisit l’actrice interprétant Micheline dans le film pour incarner sa propre grand-mère, démontrant ainsi l’impact qu’a pu avoir le film sur lui.
Le cinéma au cœur de ses collections
Au-delà du septième art, Jean-Paul Gaultier porte également un grand intérêt aux actrices de cinéma, qu’il fait défiler chaque année sur ses podiums, telles que Rossy de Palma, Helena Noguerra, Arielle Dombasle ou Laetitia Casta. Le créateur met également en lumières des icônes et silhouettes connues du cinéma comme la célèbre robe rose de Marilyn Monroe du film Les hommes préfèrent les blondes de Howard Hawks automne 2006, une revisite de Cruella en 1980 et la Dolce Vita de Fellini en 2013. En 1985, il réalise même un clin d’œil au célèbre film de Roger Vadim en intitulant son incontournable collection androgyne « Et Dieu Créa l’homme ».
Une de ses collections marquera un tournant dans son œuvre, sa collection Haute couture automne/hiver 2009. C’est la première collection qu’il réalise depuis sa décision de se consacrer exclusivement à la haute couture ; il décide de dédier cette collection au cinéma et aux actrices de cinéma qui l’ont marqué. On y retrouve toutes les grandes icônes de sa vie telle que la célèbre robe noire du film Falbalas qu’il remet au goût du jour, les formes de l’actrice Mae West ou de Marilyn Monroe dans des corsets aujourd’hui devenue iconique ou encore le célèbre trench du personnage de Michèle Morgan dans Quai des Brumes. D’autres noms sont à l’honneur dans ce défiler comme Greta Garbo, Lauren Bacall, Marilyn Monroe ou encore Brigitte Bardot.
La passion pour le cinéma et le grand écran est telle qu’il décide d’inclure dans sa collection le cinéma au sens propre du terme en créant la première tenue faite à partir de pellicule de film et de celluloïd. Il choisit également de clôturer son défilé par une mariée écran de cinéma, son voile démesuré et parfaitement droit permet de diffuser des extraits de ses films préférés et notamment le visage de ses icônes de cinéma.
Jean-Paul Gaultier costumier et icône de cinéma
L’enfant terrible a su pousser les limites de la mode aux delà des ateliers et des podiums de défiler en devenant costumier pour de nombreuses chanteuses, mais également pour des clips de musique et notamment pour le cinéma.
Depuis le début de son parcours, le créateur choisit, en plus de ses collections prêt-à-porter, de devenir costumier. Il a ainsi habillé de grands noms du cinéma tels que Catherine Deneuve ou encore Helen Miren. Le film qui marquera un tournant dans sa carrière est Le Cinquième Élément de Luc Besson de 1997. Au-delà de la tenue toute en léopard du personnage de Ruby, le créateur y réalise des œuvres importantes de sa carrière tel que la marinière ou la jupe pour homme qui sont des éléments mythiques de l’œuvre de Jean-Paul Gaultier. Il est également costumier sur de nombreuses autres productions telles que Le Cuisinier, le voleur, sa femme et son amant de Peter Greenaway en 1989, La cité des enfants perdus de Jean-Pierre Jeunet en 1995 ou encore La mauvaise éducation de Pedro Almodovar en 2004.
Jean-Paul Gaultier, créateur et costumier du cinéma a su se faire une place et influencer ce milieu. Il fut ainsi membre du jury de la 65e édition du festival de Cannes.
Le créateur à l’honneur à la cinémathèque française
Depuis le 6 octobre 2021, la cinémathèque française a ouvert son exposition intitulée “Cinémode” : Jean-Paul Gaultier est le metteur en scène et commissaire de l’exposition. Cette dernière présente la collaboration étroite de la mode et du cinéma ; une occasion pour le styliste de parler de sa passion pour la mode et le cinéma et le lien qu’il peut y avoir entre eux. À travers l’exposition, le créateur qui a récemment fait ses adieux à la haute couture présente des oeuvres de collections de grandes icônes de mode du cinéma qui ont inspiré et révolutionné la mode comme Audrey Hepburn, Marilyn Monroe, Catherine Deneuve, Brigitte Bardot jusqu’à Beatrice Dalle ou Madonna. Les créations réalisées par des stylistes, aussi sophistiquées qu’extravagantes, prennent place dans l’exposition, au milieu de costumes de films qui ont influencé les collections mais également les propres créations de Jean-Paul Gaultier pour le cinéma. Enfin, il y parle de son amour pour le septième art, présentant des œuvres cinématographiques qui ont marqué son enfance et influencé sa vie et sa création. Une rétrospective à retrouver jusqu’au 22 janvier 2022.
Fanny Dekeyser
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