Je l’aimais mais je l’ai raté
Quelle longueur! Quelle déception! Même si ce n’était pas un chef d’œuvre, le livre Je l’aimais d’Anna Gavalda dont est tiré le film avait le mérite d’être captivant et bien écrit.
L’adaptation cinématographique est une catastrophe. La mise en scène relève parfois de l’absurde. Le montage reste très perfectible avec des plans incompréhensibles à la limite du ridicule ! Le zoom est parfois utilisé de manière hasardeuse : que penser des gros plans sur les dessins-animés regardés par les petites filles? Ils ne servent à rien, juste à lasser le spectateur !
“Du pathos et des clichés!”
Tous les protagonistes ont été vidés de leur substance ! L’amour de la mère pour ses deux enfants donnait du relief au personnage de la belle-fille délaissée par son mari. Le film retranscrit une piètre image du monde de l’enfance : elles sont capricieuses, fans de fastfood et de mauvais films d’animation ! Au lieu d’attendrir le spectateur, les fillettes l’irritent au plus haut point !
La relation entre le beau père et la belle-fille si croustillante dans le livre, est
totalement transparente dans le film. On pouvait supposer que ces confidences mèneraient ces deux êtres que tout oppose vers une amitié naissante ou un respect mutuel. L’intensité dramatique entre ces deux personnages est réduite à néant. Ce rapport de force, cette relation dominant-dominé entre ces deux êtres brisés par le destin était l’essence même du livre. En se focalisant sur la relation adultère, le film perd ainsi toute originalité. Il tombe dans le pathos, dans les clichés.
“Un antihéros sans saveur!”
Les flashbacks successifs ne sont plus que des excuses pour ralentir l’histoire et entretenir le suspense autour de cette liaison amoureuse passée. Le rôle de la belle-fille a été vidé de toute sa moelle ! Mais ce qui choc le plus, c’est le personnage du beau-père ! Il est insipide dans l’œuvre cinématographique. Le vieillard est pourtant aussi lâche que bourru, aussi fort que faible avec un caractère bien trempé ! C’est un homme qui ne se livre jamais et que personne n’arrive à
amadouer. Et c’est un nouveau hiatus ! Malgré tous son talent Daniel Auteuil campe un antihéros lâche et sans saveur !
“une maîtresse rayonnante et passionnée”
Le rôle de la secrétaire et amie de Pierre a été quasiment écarté du scénario. Pourtant ce personnage était une sorte de faire-valoir à la relation entre les deux amants. Elle fournissait entre autre des « raisons » à la lâcheté du mari adultère. Le cancer de sa secrétaire et l’union profonde avec son mari fournissait au lecteur une vision éclairée de sa couardise. Par amour pour l’homme de sa vie, la petite secrétaire qui ne paie pas de mine résiste de toute son âme à la maladie qui la ronge ! Pourquoi se passer d’un personnage si important dans l’adaptation cinématographique ?
Seule Florence Loiret-Caille qui joue le rôle de Mathilde, la maîtresse rayonnante et passionnée sauve les meubles! Son jeu est juste et donne une certaine fraîcheur à l’histoire grâce à son charme et à sa joie de vivre.
Ce film se destine aux cinéphiles qui aiment les longues histoires d’amour pathétiques ! Et à ceux qui n’auraient pas eu l’occasion de lire le roman.
Jean-Christophe Le Blévec
Je l’aimais
Film français
Sortie le 6 mai 2009
réalisé par Zabou Breitman
Avec Daniel Auteuil, Marie-Josée Croze, Florence Loiret-Caille
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