Interview-portrait : John C. Reilly – « Cyrus »
Pour une fois, la présence de John C. Reilly et de Jonah Hill en haut de l’affiche ne renvoie à aucune production de Judd Apatow. A la place, les frère Duplass (dont c’est le premier long-métrage à sortir en France) proposent une tragi-comédie originale et intelligente sur un homme traversant une crise existentielle et devant faire face au fils de sa nouvelle conquête, un garçon perdu dans son monde.
C’est votre deuxième séjour à Deauville :
Absolument. La première fois fut pour le film Criminal en 2004. J’adore cet endroit. Je trouve cette ville magnifique et trouve que chaque pays devrait avoir un festival consacré à d’autre pays.
Votre dernier film Cyrus reflète-t-il quelque peu votre personnalité ?
A vrai dire, oui. Il y avait beaucoup d’improvisations et peu de direction spécifique, donc une grande liberté de manœuvres. Presque 80% des dialogues sont improvisés. Les frère Duplass ont écrit un script mais nous ont surtout encouragés à ne pas trop se fixer dessus, à comprendre les situations et agir en conséquence.
Deviez-vous donc faire plusieurs prises ?
Nous faisions environ cinq prises différentes et généralement sans aucune répétition. Les scènes que l’on voit à l’écran sont les toutes premières prises réalisées. C’est extrêmement rare de travailler ainsi à Hollywood. D’autant plus que l’on a tourné en ordre chronologique. En y repensant, je trouve incroyable que les studios aient accepté de jouer le jeu. On faisait tout le temps des allers-retours entre les différents décors pendant six semaines. Il en résulte un film très organique dans lequel nous sommes parvenus à nous adapter en fonction de ce que l’on avait fait la veille.
Est-il plus facile pour un acteur de tourner ainsi ?
Beaucoup plus. Si l’on tourne un film en commençant par la scène finale, le résultat sera forcément différent que si l’on tourne cette scène en dernier. Tourner le film de manière chronologique permet de mieux entrer dans le personnage. La confusion est moins importante.
Vous êtes vous même père de famille. Cela a-t-il aidé ou au contraire porté préjudice pour tourner Cyrus ?
Pas tant que cela. J’ai des amis qui ont divorcé et qui ont des enfants à charge. Ce que j’ai surtout remarqué est que certains enfants peuvent devenir vraiment cruels. C’est pratiquement plus difficile de gérer un enfant de 10 ans qui vous voit comme une menace plutôt qu’un enfant de 21 ans avec qui vous pouvez finalement discuter.
Vous avez refusé de tourner pour Lars Von Trier. Cyrus s’inspire pourtant du même type de réalisation.
Ce n’est pas faux. Les frères Duplass partagent beaucoup de points communs avec certains réalisateurs européens dont Lars Von Trier et ses fameux dogmes. Mark et Jay proviennent de cette génération qui en a mare des traditions et des histoires artificielles. Le plus important pour eux est que leur film soit au plus proche de la réalité et de la condition humaine.
Votre précédent film, Walk Hard (inédit en France), a été écrit par Judd Apatow, nouveau gourou de la comédie américaine. Comment le définiriez-vous ?
La première qualité de ses films est leur honnêteté. L’humour provient avant tout des personnages. Judd arrive à être totalement franc dans son écriture sur ce qu’il ressent dans la vraie vie. On retrouve beaucoup de traits de sa propre personnalité dans ses films, ce qui semble être révolutionnaire. Walk Hard fut pour moi un rêve devenu réalité. On a enregistré beaucoup de musiques six mois avant le tournage, j’avais des dizaines de costumes puis on a fait une tournée à travers les Etats-Unis !
Interview réalisée par Edouard Brane au Festival du film américain de Deauville le 11 septembre 2010.
Lire aussi sur Artistik Rezo, l’interview portrait-photo de John C. Reilly.
Cyrus
Réalisé par Jay Duplass, Mark Duplass
Avec John C. Reilly, Jonah Hill, Marisa Tomei.
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Sortie le 15 septembre 2010
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