Hipotesis – film policier de Hernan Goldfrid
Hipotesis De Hernan Goldfrid Avec Ricardo Darín, Alberto Ammann et Calu Rivero Durée : 106 min. |
Sortie le 12 février 2014
Adaptation d’un brillant polar psychologique venu tout droit d’Argentine, le film d’Hernan Goldfrid en est le pâle condensé, dégraissant tout ce qui en faisait le sel et réduisant son intrigue à un simple dispositif de thriller, la proie contre le prédateur, pour un résultat passablement efficace. À chaque année son Ricardo Darín : après la gentille comédie El Chino l’an passé, c’est cette fois avec Hipotesis que la star argentine revient sur les écrans français. Plus gros succès de l’histoire du cinéma argentin (le précédent tenant du titre était Dans ses yeux, somptueux polar oscarisé avec en tête d’affiche… un certain Ricardo Darín), cette adaptation d’un excellent roman de Diego Paszkowski (Thèse sur un homicide, paru aux éditions La Dernière Goutte) met aux prises un charismatique spécialiste du droit pénal et son élève le plus brillant, aussi impressionnant que lui, qu’il soupçonne bien vite d’avoir commis le crime apparemment parfait qui vient d’être perpétré à l’intérieur même de la faculté… Dans le roman, ce duel à couteaux tirés prenait la forme d’une narration à deux voix, l’auteur alternant les points de vues et les styles pour mieux disséquer l’affrontement, ses causes et ses conséquences. Il y avait dans le roman de Paszkowski une ambiance plus que vénéneuse et des moments joliment malsains puisque le jeune étudiant y était ravagé (entre autres) par sa folle passion pour l’actrice Juliette Lewis. Plus rien ne subsiste ou presque de ces beaux partis pris : en adaptant le roman à l’écran, le réalisateur Hernan Goldfrid n’a conservé que le canevas de l’intrigue, déroulant une histoire de crime parfait pas tout à fait convenue mais tout de même pas neuve. Même la direction d’acteurs fait défaut : Darín se la joue façon Harrison Ford des années 80, oubliant que le compteur des années tourne pour lui également, ce qui rend assez risible la scène où il séduit une étudiante d’une simple oeillade. Quant à son partenaire et opposant, Alberto Ammann, il n’a clairement pas les épaules nécessaires pour donner du coffre au personnage du méchant potentiel, celui qui pourrait bien dissimuler de terribles secrets derrière une éducation bourgeoise et rangée. Au final, Hipotesis peut être vu comme un gentil petit exercice de style destiné à faire frémir un samedi soir, mais c’est un beau gâchis par rapport à ce qu’aurait pu donner l’adaptation rêvée du roman de Paszkoswski, monument de perversité et d’étourdissement psychique, que le Martin Scorsese de Shutter Islandaurait par exemple pu transformer en grand film. Thomas Messias [embedyt] https://www.youtube.com/watch?v=XBHMfC-POzc[/embedyt] A découvrir sur Artistik Rezo : |
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