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Héloïse Peyre : “Nous sommes les petites mains de l’ombre”

Montaine Matuzac 1 juillet 2021
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Rencontre avec Héloïse Peyre, jeune maquilleuse, coiffeuse et perruquière sur les tournages. Elle nous fait découvrir son métier et son parcours à travers cet entretien. 

Quel a été le déclic qui t’a donné envie de suivre cette voie ? 

J’ai toujours été attirée par ce métier. Petite, j’avais une tête à coiffer et je m’amusais à lui faire des tresses à longueur de journée. J’ai passé mon bac littéraire mais je me suis rendu compte que je préférais la pratique à la théorie, ce qui m’a poussée à faire des études de coiffure. C’est en étudiant mon CAP et mon BP que j’ai su que c’était vraiment ce que je voulais faire par la suite. Je voulais maquiller sur des tournages tout simplement parce que l’ambiance y est vraiment euphorique. C’est un univers génial, où tout le monde se donne tous les moyens possibles pour accomplir le projet. J’ai gagné en expérience en travaillant dans un salon de coiffure, avant de me lancer comme auto-entrepreneur. 

Tu as étudié à l’Atelier du Griffon, parle-nous de cette formation et des cours qui y sont proposés. 

Cette formation se déroule sur une année et donne le titre de maquilleur perruquier plasticien. Il existe plusieurs sous-catégories de formation où l’on apprend le maquillage beauté, historique et à effets spéciaux. On nous donne des astuces pour poser des perruques et pour réaliser des coiffures artistiques. C’est un programme vraiment complet. 

Comment as-tu créé ton carnet d’adresses ? 

Cela a été très compliqué de gagner en visibilité étant donné que je me suis lancée dans cette voie en août 2020, soit une période assez complexe pour trouver du travail. Je n’avais pas beaucoup de demandes, je me suis donc lancée sur les réseaux sociaux. J’ai pu réaliser des shootings photo, puis une amie m’a donné quelques contacts afin de travailler sur mon premier tournage. À partir de ce moment-là, on a commencé à parler de moi. C’était principalement grâce à des connaissances et au bouche-à-oreille. En général pour les tournages, je démarche seule à travers des plateformes via lesquelles j’envoie ma candidature et où l’on me recontacte si je corresponds au profil demandé. 

Comment se déroule ton travail sur les tournages ? 

Il y a d’abord une préparation en amont, où l’on m’envoie le scénario afin que je me familiarise avec le maquillage demandé pour chaque comédien. Je procède alors à un dépouillement, ce qui consiste à tirer et à étudier chaque séquence, chaque maquillage et chaque comédien. Ensuite, j’envoie ce dépouillement accompagné de planches de photographie pour chaque comédien afin que cela soit validé. Je prépare mon matériel pour le jour J, en veillant à respecter le nouveau protocole en accord avec les règles sanitaires imposées par la pandémie. Sur le tournage, on est entourés de “régisseurs Covid” dont le travail consiste à vérifier si ces normes sont respectées, à savoir une poudre par comédien, etc.
En ce qui concerne mon matériel, la marque de maquillage Kryolan me satisfait particulièrement et je réalise les perruques sur mesure, en les implantant moi-même. Enfin sur le tournage, je suis toujours à l’affût, c’est-à-dire que je fais continuellement des retouches pour qu’il n’y ait aucun décalage entre les scènes. La majeure partie du temps, ces retouches servent à matifier le teint, afin d’éviter les brillances avec les caméras. 

Que préfères-tu dans ton métier ? 

Ce que j’aime sur les tournages, c’est la bonne ambiance qu’on y retrouve. En arrivant sur le lieu de travail, on ne connaît personne et pourtant il ne suffit que de quelques minutes pour créer des liens avec l’équipe. Le fait que tout le monde soit impliqué et motivé au sein du même projet, cela unit l’équipe et on instaure très vite de bonnes relations. En dehors des tournages, j’aime beaucoup redonner confiance aux particuliers. Je propose des maquillages à domicile et c’est très satisfaisant d’apporter quelque chose à une personne qui, au début, n’était pas à l’aise avec sa coupe de cheveux ou son visage et qui ressort de la séance en se trouvant belle. C’est un métier où il faut savoir être flexible, être capable de s’adapter et être présent pour les comédiens. Le côté humain dépasse toute notion d’argent, cette profession me rend heureuse. 

Quelles en sont les difficultés ? 

Nous sommes les petites mains de l’ombre, il est parfois difficile de se faire entendre lorsqu’on doit notifier l’équipe sur un défaut de maquillage. Les horaires sont également compliqués mais cela fait partie du contrat alors ça ne me dérange pas. Au contraire, j’aime bien être active !

Quels sont tes projets à venir ? 

J’ai plusieurs tournages prévus, dont un qui se passe dans les années 80. J’ai également un autre projet en tête : créer une société en parallèle pour la vente de perruques et d’extensions sur mesure. Je voudrais créer des perruques synthétiques mais également à partir de vrais cheveux, afin d’aider les femmes malades qui en ont besoin.

 

Propos recueillis par Montaine Matuzac

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