Harry Potter et les reliques de la mort – 1ère partie
Il ne fait pas bon grandir dans le petit monde ensorcelé – et ensorcelant, souvent – d’Harry Potter ! Non pas que le 7e et dernier volet de cette saga exceptionnelle soit décevant, voire dénué de toute magie. Non. C’est juste qu’il est d’une noirceur tellement radicale qu’il n’est pas besoin d’être sorcier, en vrai, pour en comprendre immédiatement la symbolique… sinon le sens !
C’est déjà ça… Car pour le coup, noir c’est noir, à tout point de vue : le jeune Harry, de fait, arrive au seuil de sa majorité. Tada… C’est dire si l’Elu se rapproche de son Destin avec un grand D (et de son ennemi juré, “celui dont on tait le nom“). Et c’est dire, surtout, si scénaristiquement c’est compliqué !
D’ailleurs, l’ultime et périlleuse mission d’Harry et de ses amis, désormais pré-adultes (ou post-ado, c’est selon), est si trouble, dense, et même obscure (comme les forces du même nom qui s’attaquent à eux) que les producteurs ont préféré la décliner en deux longs métrages. Un diptyque – la 1ère partie, c’est le 24 novembre, donc : voilà qui est original ! A la mesure, au fond, du succès incroyable de cette aventure éditoriale et cinématographique (les recettes se déclinent en termes de milliards de dollars) !
Le hic, quand même, c’est qu’à moins d’avoir un Bac +10 en “poudlardises”, cette volonté d’exhaustivité, de grand respect par rapport au livre, finit par ralentir, voire obscurcir (un peu trop) le rythme du film (on le sait, le cinéma est un art synthétique…). Rien de grave néanmoins : tandis que le spectateur lambda (fan moyen, disons) se perd dans les entrelacs de quêtes qui tapissent le récit (en gros, il faut retrouver les Horcruxes, histoire de détruire les clés de l’immortalité de Voldemort), Harry, Ron et Hermione, eux, s’égarent pour de bon dans une forêt au moins aussi ténébreuse, pour ne pas dire inquiétante.
Peur(s)
C’est là, bien sûr, que la symbolique opère, primant sur les différents rebonds d’une dramaturgie assez opaque. Car pour la première fois dans cette saga, les trois amis se retrouvent livrés à eux-mêmes, seuls contre tous, portant sur leurs frêles épaules de sacrées responsabilités : clairement (si, si !), comme dans tout conte réussi, l’âge adulte fait peur !
Reste qu’au-delà de cette “lecture psy” (halala, ça va mal finir….), il se dégage de ce Harry Potter et les reliques de la mort (1ère partie) quelques vrais moments de cinéma. Et de divertissement. Ainsi la scène d’infiltration dans le Ministère de la Magie, aux mains des Mangemorts de Voldemort (ambiance Brazil, du génial Terry Gilliam). Ainsi la petite danse entre Harry et Hermione sur une chanson de Nick Cave, maladroite et attendrissante, dernier sursaut festif et ado tandis qu’ils sont cernés par une désolation absolue alentour. Ainsi la parenthèse sur le petit conte des “reliques de la mort”, façon dessin animé.
Joli travail, évidemment sublimé, en outre, par quelques-uns des plus grands comédiens que compte, actuellement, le Royaume-Uni (on retrouve avec délectation Alan Rickman, Helena Bonham Carter et Ralph Fiennes, on découvre avec plaisir Bill Nighy ou Rhys Ifans). Des pointures qui secondent avantageusement le jeu un peu terne de Daniel Radcliffe ou même de Ruppert Grint (qu’on a connu meilleur). En fait, seule la jeune Emma Watson, plus subtile, plus nuancée, semble être vraiment concernée par son rôle. Est-ce à dire… qu’il ne fait pas bon grandir surtout du côté des garçons ? Hum… La suite au prochain (et dernier, ouf !) numéro, le 13 juillet 2011.
Ariane Allard
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Harry Potter : Les reliques de la mort (première partie)
De David Yates
Avec Daniel Radcliffe, Rupert Grint, Emma Watson
Sortie le 24 novembre 2010
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