Greenberg – Noah Baumbach
Noah Baumbach fait partie de ces nouveaux réalisateurs américains dont l’originalité réside dans ce désir de revenir à un cinéma des années 70 ; quand ce dernier s’intéressait au doute existentiel de ses personnages et offrait des situations parfois invraisemblables. Noah Baumbach cite donc tout naturellement Le privé de Robert Altman, certainement le réalisateur le plus à même de se rapprocher de ce genre. Sauf qu’à force d’en faire trop et de vouloir se démarquer des autres, Baumbach et Leigh se perdent eux-mêmes dans un scénario sans cohérence en peignant des personnages, certes paumés et au bout du rouleau, mais qui ne semblent pas évoluer et ennuient le spectateur.
Ben Stiller dépressif
Après avoir transformé Jeff Daniels portant une barbe bien coupée et avec quelques kilos en plus dans Les Berkman se séparent, Baumbach propose avec Greenberg un Ben Stiller comme on ne l’avait jamais vu : les cheveux longs, amaigri et dépressif. Si son personnage offre des traits intéressants au début du film, son évolution dans Los Angeles ne fournit pas assez d’éléments pour que l’on suive avec intérêt son séjour dans la cité des anges. Son entourage ajoute de la lourdeur aux dialogues et aux situations à l’image de son meilleur ami Ivan (Rhys Ifans), ou de cette jeune fille de 25 ans (Greta Gerwig) à la voix mortifiée.
Une autre image de Los Angeles
Avec ce film, Baumbach et Leigh proposent une nouvelle vision de Los Angeles en posant leur caméra dans des lieux que l’on n’a pas l’habitude de voir au cinéma et en se rapprochant au mieux de la réalité. C’est réussi par moments (le quartier juif orthodoxe de FairFax, le célèbre restaurant Musso & Franck Grill ou encore les sentiers de randonnée du Runyon Canyon), mais il semble pourtant que les auteurs du film délaissent parfois ces paysages pour poser uniquement leur caméra sur le visage de leur protagoniste. Entre ces grandes routes, ces magasins et ces immenses maisons vides, le spectateur devient aussi perdu et désemparé que Greenberg lui-même.
Échos à Bret Easton Ellis
On sera pourtant surpris de voir que le film fait intrinsèquement référence au roman Moins que zéro de Bret Easton Ellis publié en 1985 où il évoquait le retour d’un jeune adolescent en mal être à Los Angeles où drogue et rock’n’roll allaient bon train. Greenberg pourrait être le pendant de ce roman. On y trouve la même construction, les mêmes préoccupations et à quelques détails près, les mêmes personnages. Malheureusement, celui de Robert Greenberg n’est pas aussi passionnant que le jeune Clay. On soulignera enfin la présence massive de musique « trendy » et indépendante assommante.
Greenberg est malheureusement une déception. On attendait mieux venant de Noah Baumbach qui ne propose qu’une succession de scènes bavardes et ennuyeuses sur un homme vivant sa middle-life-crisis.
Edouard Brane
Greenberg
Réalisateur Noah Baumbach
Avec Ben Stiller, Greta Gerwig, Rhys Ifans…
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Sortie le 28 avril 2010
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