0 Shares 4334 Views

Godard et la Nouvelle Vague

Zoé Lunven 2 juin 2020
4334 Vues

Jean-Paul Belmondo et Jean Seberg dans À bout de souffle de Jean-Luc Godard © Pinterest

“Le film de demain m’apparaît donc plus personnel encore qu’un roman individuel et autobiographique (…) les jeunes cinéastes s’exprimeront à la première personne et nous raconteront ce qui leur est arrivé (…).”
François Truffaut

Qu’est-ce que la Nouvelle Vague ? 

Ce qu’on appelle “Nouvelle Vague” est le mouvement créé par de jeunes avant-gardistes qui, adolescents sous l’Occupation, découvrent le cinéma à la fin de la Seconde Guerre mondiale. 

En 1936, l’idée d’Henri Langlois de conserver et protéger les bobines de films donne naissance à la Cinémathèque française : un organisme pour la préservation et diffusion du patrimoine cinémato-graphique. C’est à partir de cette nouvelle institution que se crée la “Nouvelle Vague”.

François Truffaut précise : “Nous sommes les enfants de la guerre et de la cinémathèque.” La revue Les Cahiers du Cinéma est créée après la Seconde Guerre mondiale par un petit groupe de critiques cinématographiques intransigeants, dirigé par Hervé Bazin. Les plus célèbres : François Truffaut, Jean-Luc Godard, Claude Chabrol, Éric Rohmer, Jacques Rivette. Pour eux, le cinéma est un art et non un divertissement. Ils célèbrent des auteurs comme Hitchcock, tout en attaquant Jean Delanoix, et se lancent à leur tour dans la réalisation selon leurs propres critères. Leur but : rendre compte de la vie quotidienne de la jeunesse sociale des années 1960, génération de l’après-guerre, de la guerre d’Algérie, de l’américanisation. Leur thème principal : la révolte. C’est une certaine indépendance, disparue à la naissance d’Hollywood qu’ils veulent retrouver.

© La Cinémathèque

Et Godard ?

Le travail, la contestation, la politique c’est la règle de trois de Jean-Luc Godard. Au début des années 1950, il écrit des critiques dans les Cahiers du Cinéma. En 1959, il sort son premier long métrage, À bout de souffle. Soixante ans plus tard, il a réalisé 150 films.

En 1964, Godard décrit son impact : “Nous avons fait irruption au cinéma comme des hommes des cavernes dans le Versailles de Louis XV”. Il est souvent considéré comme le cinéaste français le plus radical des années 1960 et 1970 ; son approche des conventions cinémato-graphiques, de la politique et de la philosophie fait de lui sans doute le réalisateur le plus influent de la Nouvelle Vague française. Son œuvre est en elle-même une contestation du cinéma traditionnel : il se soucie peu de la narration, aime les collages et travaille la forme avant tout.

Son cinéma est politique car il ne cesse de questionner son époque. Il observe le monde et mêle parfois fiction et documentaire comme dans Le livre d’imagesIl travaille avec les plus grands acteurs : Anna Karina, Jean-Paul Belmondo, Alain Delon, Brigitte Bardot et bien d’autres encore.

Très cultivé, il use de références : musicales, cinématographiques, artistiques ou même philosophiques. Ses films rendent hommage au cinéma et à son histoire. Ils expriment aussi ses opinions politiques : il était un lecteur avide de philosophie existentielle et marxiste. Pour lui, “l’essentiel ce ne sont pas nos sentiments ou nos expériences vécues mais la ténacité silencieuse avec laquelle nous les affrontons”.

Jean-Luc Godard © La Cinémathèque

Avec son premier long métrage, À bout de Souffle, Godard impose un nouveau cinéma, en rupture avec la tradition. Ses films sont eux-mêmes une critique du cinéma traditionnel. Il n’hésitera pas à provoquer par l’appropriation d’actualités brûlantes : la guerre d’Algérie ou bien les révoltes de mai 1968. Il s’attaque aussi à des sujets plus quotidiens mais tragiques, comme la prostitution dans Le MéprisIl exploite ainsi les rapports humains qu’il observe dans le monde et exprime vivement ses opinions.

“La photographie c’est la vérité, et le cinéma, c’est vingt-quatre fois la vérité par seconde”.

 

Zoé Lunven

Articles liés

“Je ne sais pas qui je suis mais un jour peut-être” de Solène Zantman au Théâtre El Duende
Agenda
76 vues

“Je ne sais pas qui je suis mais un jour peut-être” de Solène Zantman au Théâtre El Duende

Dans un monde à la dérive, un spectateur rêve d’une chanteuse qu’il vient admirer tous les soirs dans un obscur cabaret. S’y retrouvent également une journaliste et son cameraman qui cherchent de nouveaux sujets et décident, un jour, d’interviewer...

“À l’air libre” le nouveau spectacle de Laurent Balaÿ au Théâtre du Temps
Agenda
77 vues

“À l’air libre” le nouveau spectacle de Laurent Balaÿ au Théâtre du Temps

Laurent Balaÿ est de retour avec son nouveau spectacle À l’Air Libre! Après le succès de son seul en scène De l’Air ! autour de son parcours de comédien, il revient avec une nouvelle galerie de personnages aussi attachants que drôles,...

Circulation(s) 2025 : la 15e édition du festival de la jeune photographie européenne à partir du 5 avril au CENTQUATRE-PARIS
Agenda
79 vues

Circulation(s) 2025 : la 15e édition du festival de la jeune photographie européenne à partir du 5 avril au CENTQUATRE-PARIS

Rendez-vous annuel du CENTQUATRE-PARIS, le festival Circulation(s) revient cette année encore avec la volonté de proposer un panorama de la jeune photographie européenne. En plus d’une grande exposition mettant en lumière 24 artistes de 14 nationalités différentes, un programme...