Gerontophilia – comédie dramatique de Bruce LaBruce
Gerontophilia De Bruce LaBruce Avec Pier-Gabriel Lajoie, Walter Borden et Katie Boland Durée : 82min |
Sortie le 26 mars 2014
Pudeur et authenticité L’enfant terrible du cinéma gay et canadien qui a fait de la provocation sa marque de fabrique revient avec le film de tous les possibles pour alimenter encore et encore son crédo. C’est pourtant une œuvre d’une rare sensibilité et d’une pudeur extrême qu’il livre en dépit de son sujet. Admirable. Juste pour situer le bonhomme, rappelons que Bruce LaBruce a prôné dans son cinéma la nécrophilie et le cannibalisme (« L.A Zombie ») ou encore décrit les dérives de la prostitution en milieu gay (« Hustler White »). L’arrivée sur les écrans d’un film intitulé « Gerontophilia » et signé de ce drôle de zèbre a de quoi faire frémir. Et pourtant… Lake, jeune homme de 18 ans d’une beauté ravageuse fréquente une nana dans ses âges mais passablement frappée. Il se retourne pourtant de plus en plus sur le passage de personnes beaucoup plus âgées jusqu’au jour où il fait la connaissance dans l’hospice où travaille sa mère d’un octogénaire. Il en tombe amoureux. Une liaison s’installe… Qui peut le plus trash peut le plus doux. Les musiciens de hard rock ne sont-ils pas après tout les auteurs des plus beaux slows ? Le trublion du cinéma underground canadien a concocté une histoire qui bien évidemment pouvait partir à la dérive en un temps record. Sur le fil du rasoir au début, le récit va rapidement s’orienter vers une histoire d’amour dont le graveleux potentiel est relayé par la sincérité absolue. Authenticité et pudeur vont y pourvoir. Un romantisme fou LaBruce va en effet installer une relation qui, même si elle n’est pas asexuée, se pare des atours d’un romantisme fou. Chacun des deux personnages se découvre, se place sur un même pied d’égalité, ce qui créé un équilibre nécessaire pour croire à cette histoire qui pourrait facilement sombrer dans des rapports de grand-père à petit-fils ou pire encore Un peu à la manière d’ « Harold et Maud », auquel il est impossible de ne pas penser, le cinéaste va donc rendre crédible cette histoire mais avec moins de drôlerie, même si le film n’est pas exempt d’une certaine ironie. Avec le souffle comme fil conducteur, celui de la vie (le sauvetage dans la piscine), celui de l’amour et bien sûr l’inévitable dernier souffle auquel le propos fait implicitement référence, cette ode à la différence et au respect, sans jamais sombrer dans le graveleux ni dans la complaisance est une incontestable réussite menée par deux comédiens d’une parfaite complémentarité. Franck Bortelle [embedyt] https://www.youtube.com/watch?v=mR39V5i1G4Y[/embedyt] A découvrir sur Artistik Rezo : |
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